L’évènement a tenu toute la Mauritanie en haleine pendant près de deux semaines. Quatre (prétendus) djihadistes se sont enfuis de la prison civile de Nouakchott, tuant deux gardes lors de leur retraite et mettant à nu les défaillances sécuritaires du système carcéral. Depuis, c’est le branle-bas de combat. Tout le pays est en alerte. L’évasion de « salafistes », dont deux condamnés à mort, risque d’être du plus mauvais effet pour un pays jusqu’alors à l’abri d’attaques terroristes. Surtout que la facilité avec laquelle ils ont pris la poudre d’escampette n’augure pas d’un système de surveillance à toute épreuve. C’était une nécessité pour le pouvoir de régler ce « problème » au plus vite. Dès l’alerte lancée, tous les services se sont donc mobilisés. Le danger pouvait venir de partout et les fuyards frapper n’importe où. L’exception mauritanienne, tant vantée par les Occidentaux, à échapper aux attaques terroristes risquait de prendre un sérieux coup. Finalement tout est bien qui finit bien. Les fugitifs sont interceptés dans une zone montagneuse de l’Adrar, grâce au signalement d’un chauffeur croisé dans leur fuite. Et après un accrochage avec une unité d’élite de la gendarmerie, trois d’entre eux sont abattus avant que le quatrième ne rende les armes. Non sans avoir fait une troisième victime, un gendarme de l’unité qui les avait pris en chasse. Passée l’épreuve, plusieurs questions restent en suspens. Comment l’arme qui a permis de neutraliser les grades fut-elle introduite en prison ? Ont-ils bénéficié de complicités à l’extérieur pour couvrir leur fuite et leur offrir un gite, des armes et une voiture pour sortir de la ville ? Existe-t-il des cellules dormantes d’organisations terroristes capables de planifier une telle évasion ? Bref, accident de parcours ou coup de semonce ?
Ahmed Ould Cheikh