Dans quelques semaines, les Mauritaniens seront appelés aux urnes. Pour la première fois depuis 2019, date de la dernière élection présidentielle qui les vit tourner la page d’une décennie qui les avait tant fait souffrir, théâtre qu’elle fut d’une des plus grandes opérations de détournement de leurs maigres ressources. Fruit d’un accord entre le ministère de l‘Intérieur et les partis politiques, la CENI est déjà à pied d’œuvre. Le recensement électoral a été lancé. L’atmosphère rappelle étrangement l’ambiance qui prévalait lors de la Transition 2005-2007, marquée par un apaisement inédit de notre scène politique. Avant que les militaires ne viennent la polluer, en encourageant le mouvement dit des « indépendants » et en soutenant « leur » candidat à la présidentielle. La suite, on la connaît. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Va-t-on assister pour une fois à des élections « normales » ? Il y a de quoi en douter quand on voit l’affluence que génèrent les missions du parti au pouvoir où chacun veut tirer la couverture à soi pour montrer un poids électoral très souvent factice. Si l’on y ajoute la faiblesse de l’opposition et ses divisions, on peut facilement imaginer les résultats de l’exercice ;du moins à l’intérieur du pays où le poids des chefferies et des notabilités peut faire pencher la balance. Le seul espoir de celle-là reste les grandes villes, habituellement frondeuses, où elle a par le passé réussi à tirer son épingle du jeu. La donne va-t-elle changer ? Réponse dans quelques mois… à condition que tout se passe dans les règles de l’art.
Ahmed ould Cheikh