Par Isselkou Ould Ahmed IzidBih, président de l’Union Pour la République (UPR)
Le taux de participation aux élections présidentielles mauritaniennes du 21 juin 2014, est de 56,46% ; sachant que ce taux auxdernières élections municipales et législatives (novembre-décembre 2013), généralement très disputées en raison des enjeux locaux et de leur importance dans les élections sénatoriales, était de 75%, il serait intéressant de connaitre les raisons qui ont poussé environ 18% de l’électorat, à ne pas se présenter aux urnes. Il serait également intéressant de comparer ce taux avec ceux enregistrés récemment dans les pays limitrophes de la Mauritanie, pour des élections comparables.
Des facteurs objectifs ont contribué à dissuader des Mauritaniens d’exercer leur droit de vote, parmi ces facteurs l’on peut citer:
- La période actuelle de «soudure» qui oblige nombre d’éleveurs à transhumer loin de leurs lieux habituels de vote, parfois à nomadiser en profondeur des pays voisins, et qui rend, en raison des urgences liées à l’entretien du bétail fragilisé et des coûts logistiques de rassemblement des électeurs, de leur restaurationet de leur transport, impossible leur déplacement vers leurs centres de vote
- Les conséquences matérielles et politiques du scrutin municipal et législatif, du reste très disputé, de novembre-décembre derniers. En effet, les acteurs politiques (et les électeurs) n’ont pas eu le temps de «récupérer», obligeant certains d’entre eux à se situer, au cours des élections du 21 juin, en deçà de leurs performances de mobilisation habituelles ; les électeurs déplacés lors des élections municipales et législatives n’ont pas pu être correctement réinscrits dans des bureaux de vote proches de leurs lieux de résidence effectifs
- La coïncidence de la campagne électorale, pour le scrutin présidentiel, avec la période des examens nationaux (brevet et baccalauréat), obligeant beaucoup de familles à se focaliser sur le calme domestique nécessaire à la concentration des apprenants, loin des nuisances sonores des sites de campagne et de l’activité de mobilisation électorale
- La concomitance de la campagne et des élections du 21 juin avec l’organisation de la coupe du monde de football au Brésil
- La canicule que connait le pays à cette époque de l’année, particulièrement sévère cette fois, avec des piques d’une cinquantaine de degrés à l’ombre, en milieu de journée, dans la quasi-totalité des villes et villages du pays. Cette chaleur oblige une partie non négligeable des habitants des régions de l’intérieur du pays, à se réfugier à Nouakchott, loin de leurs bureaux de vote. La fournaise était telle qu’il fallait être particulièrement hardi pour s’aventurer dehors, dans le seul but d’accomplir son devoir civique de vote. Elle a objectivement fait perdre deux à trois heures (entre midi et quatorze heures) de possibilité de vote. Ce temps perdu aurait dû être récupéré le soir, à l’initiative de la CENI, lorsque la température était devenue plus clémente
- Les insuffisances au niveau de la CENI ; à titre d’exemples, les cartes d’électeurs et les spécimens du bulletin de vote n’ont été disponibles qu’à deux jours de la date du scrutin et les listes électorales, même affichées à temps, n’étaient pas d’un grand secours, en raison du taux d’analphabétisme élevé dans certains milieux ruraux et de la détérioration fréquente de ces listes. Exiger des citoyens, pour voter, de connaitre leur numéro d’ordre sur la liste électorale, alors qu’aucune structure de la CENI n’était disponible sur place, pour le leur procurer, a découragé beaucoup d’électeurs, surtout au cours des premières heures du vote, et les a poussés à un boycott «forcé» du scrutin. Le chambardement des listes électorales, pour équilibrer les effectifs des bureaux de vote, à l’insu des électeurs inscrits sur ces listes, a dissuadé beaucoup d’électeurs de poursuivre la bataille du suffrage universel…
- La popularité record du président Aziz par rapport aux quatre autres candidats, eu égard au brillant bilan de son premier mandat, a eu pour effet de démobiliser certains de ses soutiens, convaincus que la bataille électorale était gagnée d’avance
- L’argent n’a pas coulé à flot, au cours de ces élections présidentielles, essentiellement en raison du crédo anti-gabegie et anti-corruption du président sortant, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz hostile aux manifestations de gaspillage ; ceci a déçu certains acteurs politiques habitués à monnayer leurs assises électorales
- Un émiettement social dû au récent développement accéléré des libertés publiques, qui a eu pour conséquence de distendre l’ascendant politique des leaders tribaux, communautaires et religieux sur leurs «troupes»
- Le boycott prôné par du « Forum national pour la démocratie et l’unité », FNDU, et l’Alliance progressiste et populaire, APP.
Au Mali, le scrutin présidentielle du 29 avril 2007, a connu un taux de participation de seulement 36,24%; ce taux était de 48,98%, au cours des élections présidentielles tenues dans ce pays, le 28 juillet 2013.
Au Maroc, les élections législatives du 25 novembre 2011, ont enregistré un taux de participation de 45%.
Au Sénégal, un taux de 51,58% a été enregistré, au cours des élections présidentielles du 26 février 2012.
En Algérie, le taux de participation aux élections présidentielles du 17 avril dernier, était de 51,7%.
Il ressort de ce qui précède que le taux de participation enregistré au cours des élections présidentielles mauritaniennes, du 21 juin 2014, est, en valeur absolue, supérieur à l’ensemble des taux de participation enregistrés dans les pays limitrophes, et ce en dépit d’un contexte national défavorable ( voir les dix points énumérés ci-dessus).
Grâce à la persévérance et au courage du Président Mohamed Ould Abdel Aziz, la Mauritanie est devenue leader régional en matières de sécurité, de libertés publiques, de développement inclusif, de diplomatie et de sport; notre pays est à nouveau leader, grâce à ce taux de participation record (sur le plan régional) de 56,46% aux élections présidentielles du 21 juin 2014!