Au sujet des attentes légitimes s'exprimant sur le rôle de la justice en tant que pouvoir constitutionnel au même titre que l'exécutif, qui comprend le chef d'Etat et son gouvernement ainsi que le législatif, l'assemblée nationale et ses députés, il me souvient que j'étais assesseur auprès du Tribunal de grande instance de Nouadhibou, en compagnie de feu Yedaly Ould Cheikh, ancien conseiller juridique du président Mokhtar Ould Daddah et ancien ministre de la Justice. Cela s'est déroulé il y a plus de 40 ans dans les années 1982/1984.
Notre rôle à tous les deux consistaient à assister le président du tribunal, à l'époque un certain Ould MBoirick, devenu plus tard président de la Cour suprême. Il nous écoutait, prenait en compte nos avis très argumentés, ce qui lui permit de juger toutes les affaires de la meilleure façon qu'il pût. Nos expériences de juristes, en particulier celles de Yedaly Cheikh juriste chevronné et celles moins fournies du jeune juriste que j'étais, mais combien riche de connaissances des droits comparés acquises grâce à une frénésie de lecture sans pareille, m'amenant à passer en revue toute la jurisprudence de la Cour de cassation française en matière pénale et sociale, nous permirent de nous acquitter de nos tâches respectives synonymes de véritable sacerdoce.
À l'époque, le tribunal traitait toutes les affaires civiles, commerciales et pénales. Je me rappelle aussi que l'actuel bâtonnier, maître Brahim Ebetty, un ancien camarade de la faculté de droit de Dakar, faisait ses débuts de jeune avocat. Il y avait également son confère Brahim Ould Daddah, l'ancien ministre de la Justice. Cette expérience d'associer des juristes réputés avec des magistrats fut exceptionnellement enrichissante. Et la justice y gagnait à tous les coups.
Pourquoi ne pas renouveler cette expérience ? D'autant que le fonctionnement de notre Justice dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle cumule beaucoup de déboires, une lenteur excessive, puis, selon moi, un défaut de professionnalisme des magistrats qui sont restés plusieurs décennies sans avoir eu l'occasion de traiter de grands dossiers, ainsi surtout de la succession des pouvoirs politiques, souvent d'exception, qui manquaient cruellement de motivation. En cause le phénomène de la corruption et des injustices de tous ordres qui s'étaient introduites dans les sphères de l'administration publique.
Pourtant, rien n'empêche de renouveler cette expérience. Mais cette fois-ci, l'État aurait plus intérêt à faire appel aux officiers de police judiciaire (OPJ) de la vieille école. Leur grande expérience, ils en ont cumulée assez contrairement aux plus jeunes, permettrait de pouvoir passer à la vitesse supérieure et rendre notre justice plus diligente et efficace. Je pense aux officiers retraités de la gendarmerie et cette idée n'est pas le fait du hasard. J'ai remarqué en effet depuis quelques années que le meilleur et plus fidèle commentateur, et de loin, de mes publications juridiques est sans conteste Sidi Lekhdeyem, justement, un ancien officier de gendarmerie, cette race de grands procéduriers en matière pénale dont aurait grandement besoin, en ce moment même, notre justice sollicitée par de nouveaux et périlleux enjeux.
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.