«Plus de cinquante millions de dollars auraient été généreusement offerts par un chef d’État arabe au président Mohamed ould Abdel Aziz»: la rumeur, très probablement lancée à titre préventif, il y a des mois par l’entourage de l’ex-Président va-t-elle devenir l’argument central de sa défense après avoir été corroborée par son avocate libanaise qui a écrit sur Facebook qu’Aziz lui a affirmé que sa fortune a pour origine un chef d’Etat arabe? Après l’effondrement de sa barricade «Article 93 de la Constitution» et la très faible chance de voir déclarée inconstitutionnelle la loi anti-corruption – qu’il avait lui-même fait voter lors de son règne – que pourrait donc espérer MOAA de cette nouvelle stratégie ? Admettons que la rumeur se voit corroborée par ledit supputé donateur. Un aveu, soit dit en passant, qui mettrait celui-ci en piètre posture devant la Communauté internationale désormais officiellement attachée à la lutte contre la corruption…
Cela dit, cette somme resterait plus du double inférieure aux quarante-sept milliards d’ouguiyas déjà saisies par l’État mauritanien, sans compter les placements et investissements à l’étranger qu’il reste encore à tracer, ainsi que les acquisitions foncières et immobilières vraisemblablement obtenues via des marchés publics truqués. À ce dernier égard, les témoignages de ses anciens ministres et collaborateurs ne tarderont pas à l’accabler. Et l’on ne manquera certainement pas de surligner en rouge la soudaine fortune de ses proches et autres principaux bras droits. Tout aussi généreusement dotés par ce même mystérieux chef d’État arabe, je présume ?
Mais sur quels critères ces éventuels cadeaux et dons d’un gouvernement étranger à un président de la République en exercice pourraient-ils être soustraits des comptes publics ? De tradition en Mauritanie – cf. l’exemple de Moctar ould Daddah et même de son épouse Mariem qui remettaient au Trésor public tout ce qu’on leur offrait lors de leurs missions à l’étranger – et tout aussi systématique ailleurs, notamment à l’ONU, aux USA ou en France où n’est considéré « personnel » qu’un cadeau valant moins de cent dollars, ces largesses étrangères sont bien évidemment portées au compte du peuple, c’est-à-dire à l’État lui-même.
Il faudra donc, aux avocats d’Ould Abdel Aziz, beaucoup de contorsions, d’effets de manche et, surtout, de clameurs médiatiques – encore et toujours… – pour seulement espérer semer le trouble et duper ainsi l’opinion de notre bon peuple. Mais il est très improbable que cela soit suffisant pour convaincre les juges, beaucoup plus attentifs, eux, à l’examen des faits… Bref, un faux-fuyant sans lendemain pour une défense aux abois ?
Ahmed ould Cheikh