L’affaire fait grand bruit depuis quelques jours. Suite à des tortures infligées dans un commissariat de police, la mort de l’activiste Souvi ould Cheïne a fini de convaincre que l’État de Droit s’arrête à la porte des commissariats. Pourtant – et espérons qu’enfin une fois devienne coutume – cette affaire, a contrario de tant d’autres qui l’ont précédée, ne passera pas par pertes et profits. Dès que les policiers ont déposé le corps sans vie de Souvi à l’hôpital Cheikh Zayed, la machine de l’État s’est mise en branle. Le président de la République a ordonné au ministre de la Santé la constitution dans les plus brefs délais d’une équipe de médecins pour procéder à l’autopsie du corps. Le procureur de Nouakchott-Nord s’est déplacé à l’hôpital pour en attendre les résultats et le directeur de la Sûreté – que certains malintentionnés voulaient associer à un évènement auquel il est totalement étranger – a mis aux arrêts tous les agents présents ce jour-là audit commissariat, ainsi que son commissaire. Fait nouveau : la TVM a suivi l’affaire de bout en bout, évoquant ses différentes péripéties dans ses journaux télévisés. Il y a réellement de quoi se féliciter quand on sait que jusqu’à tout récemment, les – excusez du peu -« bavures » policières étaient soit passées sous silence, soit réglées à l’amiable avec les familles des victimes.
Cette fois, les autorités ont pris les devants : plus rien ne sera comme avant. Comme l’a claironné le procureur, l’enquête suivra son cours et les responsables répondront de leur acte devant les tribunaux. L’opinion publique est pour une fois unanime et suit de près l’évolution de l’affaire. Espérons qu’après un si bon début, elle ne finira pas en eau de boudin. Quoiqu’il advienne, toute la rédaction du Calame s’associe à présenter nos condoléances attristées à la famille du regretté martyr. Inna lillahi oua inna ileyhi raji’oune.
Ahmed ould Cheikh