Depuis l’ouverture de son procès le 25 Janvier dernier, Ould Abdel Aziz doit se faire du mouron. Il n’imaginait sans doute pas que le processus engagé avec la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire, allait, deux ans plus tard, le voir assis sur le banc des accusés comme un vulgaire chef de bande pris la main dans le sac. Confiant en ce que les informations qu’il détient seraient de nature à le protéger contre toute poursuite, il était même persuadé que le pouvoir n’ira pas jusqu’à le juger. Je te tiens, tu me tiens par la barbichette… C’est pourquoi le retour sur terre fut rude pour celui qui se disait invincible et « ne connaissait pas l’échec », selon ses propres termes. Pour essayer de le tirer de ce mauvais pas, ses avocats ont multiplié les manœuvres et invoqué à n’en plus finir l’article 93 de la Constitution stipulant qu’un président de la République ne peut être jugé que par une Haute cour de justice. Un argument rejeté par le tribunal de première instance, la Cour d’appel et la Cour suprême. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il s’est alors attaché, en plus de ses conseils locaux, les services de trois avocats étrangers : une libanaise, un français et un sénégalais. De quoi faire un sacré boucan au tribunal ! Surtout lorsqu’ils croiseront le fer avec leurs homologues de la partie civile et avec un procureur particulièrement au fait de ses dossiers. Les joutes oratoires ont d’ailleurs déjà commencé et ne s’arrêteront pas de sitôt. Un long procès en perspective nous attend, quoique son issue ne fasse aucun doute, tant les charges qui pèsent sur Ould Abdel Aziz et ses co-accusés sont flagrantes. Et les peines devraient être lourdes, très lourdes même, si notre Droit pénal en permettait le cumul. Seront-elles assez bien choisies, au final, pour dégoûter une fois pour toutes les aspirants à – aspirateurs de ? – nos richesses publiques ? Au travail, messieurs les juges !
Ahmed ould Cheikh