L’heure des comptes

10 January, 2023 - 17:36

Il est vraiment inénarrable, notre ancien guide éclairé ! Voulant filer à l’anglaise, alors que l’ouverture de son procès est imminente, il en a été empêché par la police de l’aéroport qui lui a confisqué au passage son passeport, histoire sans doute de lui passer l’envie de changer d’air. Contrarié, l’Ex s’est soudainement pris de diarrhée verbale. Avant même de rentrer chez lui, le voilà en direct sur Facebook pour s’attaquer, comme à son habitude, au pouvoir en place. Et rebelote le lendemain, beaucoup plus longuement cette fois, à discourir surtout autour de sa fortune personnelle. « Si les responsables mauritaniens arrivent à justifier 50% de leurs biens, moi, ce sera à 100% ! », a-t-il martelé. 

Sans le vouloir, il s’est ainsi mis le doigt dans l’œil. Ayant reconnu être arrivé pauvre au pouvoir, comment parviendrait-il à justifier une fortune qu’il dit colossale ? Les obligations d’un président de la République sont à cet égard sans équivoque : ne s’adonner ni au commerce ni aux affaires dans l’exercice de ses fonctions, reverser au Trésor public toutes les donations, en natures ou en espèces, reçues dans le cadre de celles-ci. Il est donc censé sortir comme il est entré. Soit, en ce qui concerne Ould Abdel Aziz, les mains vides. Dans le cas contraire, sa position serait des plus inconfortables. Du pain béni pour la Justice qui n’aura qu’à lui poser la question qui tue : « Quelle est l’origine de ta fortune ? »

Mais, bon, on s’attend à tout avec cet acrobate voltigeant de branche en branche. Pas vraiment Tarzan, tout de même : n’en déplaise à sa perruque de président des pauvres, passablement ébouriffée par ses aveux de richesse, il aura bien du mal à se présenter en sauveteur du peuple qui subit, pour sa part et de plus en plus chaque jour que Dieu fait, les conséquences des filouteries de la Décennie.  Ceux qui s’y trompent – il en resterait encore, semble-t-il – auraient-ils oublié qu’aujourd’hui naît toujours d’hier ? Quant aux moins dupes, ils attendent effectivement des comptes. Pas des grimaces.

 

                                                                                      Ahmed ould Cheikh