Le jeudi 01 décembre 2022, un certain nombre de partis politiques se sont retrouvés au siège de Tawassoul à Nouakchott, à l'invitation de ce dernier.
Le but affiché de la réunion était de se concerter en vue de l'unité de "l'opposition" pour les prochaines élections. À cette rencontre, entre autres partis présents, il y avait le parti de Mohamed Ould Abdel Aziz, représenté par son président Saad Ould Louleid, en plus d'autres partis qui avaient appartenu à son ex- majorité présidentielle.
Beaucoup d'observateurs de la scéne politique ont vu cette rencontre comme une nouvelle manœuvre de l'ex-président, après celle de Paris qui a scellé son alliance officielle avec les FLAM. Il n'est pas exclu, il est même fort probable que cette nouvelle rencontre à Nouakchott soit la suite logique de celle de Paris, dans l'esprit de la " remontada" pour le pouvoir à laquelle procède depuis son départ, l'ancien Chef de l'Etat.
Brouiller les pistes?
Dans l'immédiat toutes ces manœuvres visent clairement également à brouiller les pistes en politisant les accusations de crimes économiques d'une gravité exceptionnelle qui pèsent sur lui. Certains de ses nouveaux alliés avaient d'ailleurs participé à son incrimination par la CEP.
M. Ould Abdel Aziz est un grand stratège en manipulation, un technicien hors- pair de l' instrumentalisation, comme il le montre depuis qu'il s'est sorti de sa détention provisoire. Il avait su utiliser ces deux armes favorites, à outrance, contre une partie de ses opposants au cours de sa décennie calamiteuse.
A son retour de France il y a quelques jours, il a trouvé devant lui, une classe politique divisée au niveau de son opposition et dont certains membres cherchaient coûte que coûte à relancer une machine d'opposition qu'ils avaient eux-mêmes paralysée voire disloquée, pour des raisons purement électoralistes. Situation archi-classique d'impasse à la veille des élections imposée par les mêmes acteurs d'une même scène de théâtre. En somme, une unité d'actions proclamée comme toutes les autres qui l'ont précédé et qui ne ne pourra très probablement pas résister à l'épreuve "d'une veille d'élection", du fait même de la nature de ceux qui la composent et au vu également des expériences du passé.
En effet, on se rappelle du boycott de l'opposition en 2013, qui a vu à la veille, le parti islamiste Tawassoul finalement se désolidariser des autres partis de l'opposition pour participer aux élections alors qu'il était l'un des plus fervents initiateurs de ce boycott.
Tergiversations ridicules
On se rappelle des élections présidentielles de 2019, les accords de la coalition de l'opposition pour un candidat unique de l'opposition, Malheureusement à la veille des élections, cet accord a volé en éclats, Tawassoul choisissant de soutenir la candidature l'ex-premier ministre de Ould Taya, Ould Boubakar et les autres en grande partie rejoignant la majorité présidentielle de Ould Abdel Aziz, abandonnant leurs alliés UFP- RFD-UNAD, en rase campagne.
On se rappelle de la pulvérisation, en juin dernier, du dialogue national inclusif à la veille de ses assises, à cause des tergiversations ridicules de certains partis dits de l'opposition. Et, surtout, de la déclaration pour le moins floue que le même parti avait publiée la veille même de l'ouverture des assises en dissuadant le pouvoir de les tenir, arguant du boycott de certains de ses actuels alliés estimant qu'il n'était pas assez "inclusif" alors que la concertation réunissait la quasi-totalité des acteurs nationaux ... donnant ainsi l'occasion inespérée au pouvoir (au sein duquel il y avait plus de contre que de partisans de ce dialogue!) de suspendre, plus exactement, d'annuler purement et simplement ce dialogue national tant attendu par les mauritaniens qui espéraient y trouver une amorce de compromis national sur les grandes questions qui se posent au pays.
On se rappelle également, qu'après l'interruption unilatérale de ce dialogue, l'AJD/MR -le RFD- l'UNAD-l' UFP- et Tawassoul s'étaient retrouvés pour protester contre cette annulation, et pour décider d'une action commune. Cette déclaration était une dénonciation et en même temps une affirmation de leur refus de participer à la première invitation des partis politiques par le ministre de l'intérieur, pour discuter des futures élections. La déclaration fut publiée, signée de tous, et à la veille de la rencontre avec le ministre de l'intérieur, Tawassoul a fait savoir qu'il participera à cette rencontre.
Tout celà avait incité l'UFP à demander une clarification de la situation avant d'envisager toute autre initiative, dans le cadre de l'opposition démocratique. C'était également le point de vue des autres principaux partis de cette opposition. Malheureusement, Tawassoul a passé outre et Ould Abdel Aziz s'est saisi de cette occasion comme une opportunité pour s'infiltrer au sein de cette opposition qu'il avait combattu 12 ans durant et qu'il avait clairement désigné à Paris comme l'unique responsable de ses déboires. On verra ce que la suite sera....
Le 08/12/2022
Marega Baba Assa- Lo Gourmo Abdoul