Samedi 3 décembre 2022, la ville de Kayes, située à plus de 700 km de Bamako, a accueilli dans une cérémonie haute en couleurs et en sons les délégations ministérielles des pays de l’OMVS qui étaient conduites par les premiers ministres du Mali, de la République islamique de Mauritanie, de la Guinée et du Sénégal. Ces hauts responsables gouvernementaux étaient venus pour superviser l’inauguration du barrage hydroélectrique de Gouina, une localité aux paysages touristiques extraordinaires située à 165 km en aval du barrage de Manatali, à 60 km en amont du barrage de Félou et à 74 km au sud-est de la ville de Kayes. Pour cette inauguration, la société de gestion de l’énergie de Manantali a mis les petits plats dans les grands pour ne laisser aucun détail qui puisse impacter sur la très bonne organisation de la cérémonie d’inauguration. Son directeur général, Mohamed Mahmoud Ould Sid Elemine, et ses collaborateurs et collègues des autres filiales de l’OMVS ont joint ‘’le jour à la nuit’’ pour que rien ne soit laissé au hasard. Avec l’inauguration de Gouina, l’organisation de la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) poursuit sa politique du développement de ses pays membres à travers la promotion de la coopération sous-régionale et la mutualisation et la mise en commun des potentialités communes. Après le barrage de Manatali en 2001, celui de félou inauguré en 2013 en présence des trois présidents mauritanien, malien et sénégalais, le barrage de Gouina vient s’ajouter à ces importants ouvrages dont l’objectif est la gestion la plus profitable de l’énergie potentielle d’un fleuve de plus de 800 km. Pour quelques soucis indépendants de leur volonté, les quatre premiers ministres de la Guinée, du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal et leurs délégations ne sont arrivés sur le site de l’inauguration qu’aux environs de treize heurs passés. Une ambiance festive colorée les attendait. Une troupe artistique dont les chants et les gestes ont replongé l’assistance dans le passé glorieux des anciens empires dont les vestiges sont encore visibles à travers les pas cadencés de quelques guerriers dogons qui n’ont visiblement pas voulu rater la cérémonie. D’autres hautes personnalités de marque étaient aussi là : Le tout nouveau haut-commissaire de l’OMVS, le mauritanien Mohamed Ould Abdel Vetah et quelques-uns de ses prédécesseurs, notamment le malien Séméga, le mauritanien Merzoug et le guinéen Komara pour ne citer que ceux-là. Dans les discours d’usage respectifs, le maire de Diamou (commune dont dépend le site de Gouina), l’ambassadeur de la Chine au Mali, le président du conseil des ministres de l’OMVS, du Haut-Commissaire de l’OMVS et du premier ministre du Mali ont, après avoir remercié les autorités municipales, administratives et les populations de la région de Kayes en général et de Diamou en particulier, tous vanté l’importance de l’intégration sous-régionale dont les barrages de Manantali, de Félou et de Gouina en sont une belle illustration et rendu un hommage vibrant aux pères fondateurs de l’organisation de la mise en valeur du fleuve Sénégal qui ont été de grands visionnaires puisque 47 ans déjà en créant l’organisation, ils avaient compris la communauté de destin des peuples riverains du providentiel fleuve Sénégal. Les premiers ministres ont ensuite visité la salle de contrôle où des ingénieurs leur ont donné des explications techniques sur le nouveau barrage de Gouina.
Gouina dans les détails
Le barrage hydroélectrique de Gouina a pour objectif de créer un aménagement destiné à assurer une production d’électricité par turbinage des débits du fleuve Sénégal. Ces débits sont partiellement régularisés par l’aménagement de Manantali situé en amont du barrage de Gouina dont la longueur totale est de 1347 m et un poids en béton avec seuil déversant long de 560 m. Le barrage comporte une prise d’eau dont la partie amont est implantée dans l’axe du barrage, un canal d’amenée de la prise d’eau à l’usine, un bassin de mise en charge en amont direct de l’usine, une usine équipée de trois groupes de type Kaplan avec une puissance installée totale de 140 MW, un canal de restitution des eaux turbinées au fleuve, un ouvrage de dérivation et de vidange de fond, un poste de départ haute tension (HT) de 225 kV, une ligne de transport 225 KV pour l’évacuation de l’énergie produite sur une longueur de 60 km jusqu’au poste existant de la centrale de Félou qui est reliée au poste de Kayes sur la branche ouest du système 225 KV de l’OMVS qui relie les réseaux du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal. Après les études de faisabilité élaborées par le bureau d’études COYN et BELLIER , l’OMVS après réception d’une offre de la société chinoise SINOHYDRO, a signé avec cette dernière un contrat le 24 novembre 2009 qui a été amendé par un autre accord subsidiaire en date du 15 décembre 2009 d’un montant total de 436 676 671 USD pour la réalisation des travaux de l’aménagement du barrage de Gouina. Le contrôle des travaux a été confié à un consortium de bureaux d’études dont le mauritanien MCG. La banque chinoise Eximbank a concédé un crédit acheteur préférentiel en rapport avec des requêtes de financement préparées sur la base du contrat précité qui ont été adressées au gouvernement chinois.
La SOGEM joue sa partition
La société générale de gestion de l’énergie de Manantali a adopté depuis quelques temps une nouvelle méthode qui fait focus sur les problématiques essentielles dont la signature avec la SEMAF d’un contrat qui était en souffrance depuis plusieurs années. Ce contrat permet dorénavant une gestion pérenne et plus efficiente du patrimoine énergétique. Le groupe 1 de Félou en panne depuis 2017 a été réparé et la révision des groupes 2 et 3 dans la perspective de leur réparation a déjà été engagée.
Avec la société maitre d’œuvre du barrage de Gouina, une convention a été signée pour la formation sur le site dans le cadre d’une politique de transfert de compétence et de savoir-faire d’un personnel de la SEMAF à côté duquel les cadres de Sinohydro n’auront plus qu’une mission d’assistance technique. De grands projets sont encore en perspective et dont le lancement des appels d’offres a été déjà fait. Il y a la ligne Kayes- Yerimane- Tintane- Kiffa- Aioun dont le contrat est en voie d’être signé avec l’entreprise indienne Kalpatarou. La direction générale de la Sogem se donne comme défi de tout entreprendre pour un assainissement global de société pour que les principes de bonne gouvernance, de recevabilité et de transparence ne soient plus ni des slogans ni de vains mots. Dans quelques jours, la SOGEM lancera un appel d’offres pour la construction de son siège. Preuve s’il en faut de ses responsables d’inscrire son action dans la durée.
Elkory Sneiba, envoyé spécial à Gouina