Le Calame : On vous connaissait jusque-là dans le milieu culturel et artistique, vous êtes le président du centre TERANIM pour les arts populaires spécialisés dans le MEDH. Quelle mouche vous a-t-elle piqué pour vous engager dans la politique ?
Mohamed Ali Bilal : D’abord, je remercie le journal « Le Calame » pour l’opportunité qu’il m’offre à travers cette interview, la première, je pense, avec un candidat aux prochaines élections. C’est vrai, peut-être ne me situez-vous seulement que dans le domaine culturel, surtout à TERANIM et en tant que directeur du plus grand festival Leyali El Medh. Mais je suis également actif depuis plus de vingt ans dans le domaine de la jeunesse, de la culture et du social. Je suis notamment membre des quatre plus importantes ONG dans les secteurs de la santé, de l’environnement, de la culture, des arts et de la jeunesse….
C’est donc après toutes ces années d’engagement que j’ai décidé de réaliser un ancien rêve : plaidoyer le plus efficacement possible pour toutes ces causes en suivant ces grands projets au sein desquels je m’active depuis des années.
- Pouvez-vous nous dire sous quelle étiquette allez-vous présenter et pourquoi avoir choisi El Mina ?
- Je tiens à vous annoncer que je ne suis membre d’aucun parti politique et reste à équidistance de tous. J’ai attendu l’annonce de ma candidature pour commencer à consulter les uns et les autres afin de choisir au mieux le parti qui m’accompagnera dans ces élections.
Oui, j’ai annoncé ma candidature pour la mairie d’El Mina et la députation de Nouakchott-Sud. Je mesure certes l’ampleur et la difficulté de prendre une telle assez courageuse décision. Mais l’une de mes caractéristiques principales est le goût et la capacité à affronter les défis. J’ai toujours œuvré pour réaliser les choses que les autres n’attendent pas de moi. L’une de mes habitudes est de travailler à réaliser des choses remarquables afin de dépasser toujours les attentes de mon entourage.
Même si j’ai rendu publiques mes intentions de briguer en même temps les postes de maire et de député il y a seulement quelques jours, j’avoue que cela fait plus de deux ans que je travaille à ce projet au niveau de la base, sur le terrain, avec les forces admirables de jeunes actifs dans le domaine social, sportif, ceux-là même qui n’ont jamais fait de politique. Permettez-moi de vous dire que ce travail de proximité m’incite à l’optimisme, la victoire est à notre portée. Ma stratégie est donc grandement basée sur la jeunesse, surtout dans les zones marginalisées. C’est cette jeunesse qui m’a tracé le chemin et travaille à atteindre son but.
- La commune d’El Mina a toujours connu de rudes empoignades. Lors des dernières élections, il fallut trois tours de scrutin pour désigner le maire. N’éprouvez-vous pas de craintes pour les prochaines ? Quelles peuvent être vos chances d’y gagner ?
- C’est vrai, les élections passées, ce fut un vrai marathon, à la mairie d’El Mina, pour en connaître les résultats mais nous sommes au courant de tout ce qui se passe ici. Avant, c’était l’opposition – surtout l’APP – qui avait l’habitude de l’emporter mais ce dernier parti a connu d’importantes secousses au niveau de sa base. Lors des dernières élections, le parti au pouvoir a gagné d’une manière très, très difficile et avec un résultat très serré. Malheureusement, cette victoire n’a pas été traduite sur le terrain : quatre années perdues sans aucune prise en charge des problèmes structurels des habitants. Aujourd’hui, c’est une frustration globale, à tous les niveaux, surtout parmi la jeunesse et la base, ce qui a fait perdre à ce parti de grands soutiens locaux.
- Que pourrait apporter à votre candidature, votre expérience et palmarès dans le monde de la culture ?
- Mon expérience dans le domaine de la culture, du social, de la jeunesse et, de manière générale, du développement durable, va être un tremplin pour la réussite de ma mission en tant que député et maire.
- Les contradictions entre les partis ne risquent-elles pas de peser sur l’indépendance de la CENI ?
- Je pense que les paradoxes et les divergences sur le choix des membres de la CENI et sur sa gestion est une question récurrente, chaque fois que cette instance doit être renouvelée. Nous y sommes donc habitués. Par rapport à l’impact de ces divergences sur ses décisions futures, je peux juste rappeler que l’histoire de toutes les CENI passées n’est pas exempte de critiques et de doutes quant à la victoire de certains candidats au détriment d’autres. J’espère que ces pratiques injustes, anticonstitutionnelles et antidémocratiques appartiennent au passé. Mais je tiens à vous dire ici que les conciliabules autour de la CENI ne me concernent pas trop, à ce stade, ce n’est pas ma priorité. Je me concentre plutôt sur le travail de terrain avec mon équipe.
- Comment avez-vous accueilli la nouveauté d’une liste nationale dédiée à la jeunesse lors des prochaines élections ?
- La décision de dresser une liste spéciale des jeunes est une victoire de toutes les voix qui ont toujours défendu cette cause. J’ai dépassé théoriquement et virtuellement cette catégorie, même si je me considère toujours jeune, continuant à servir les jeunes. Cette décision est salutaire mais attention aux candidats qui vont représenter cette jeunesse ! Les partis vont-ils mettre en avant des candidats nantis d’un vrai background, choisir des jeunes compétents et actifs dans le domaine de développement socioculturel et communautaire, forts d’un capital suffisamment assuré dans ces secteurs pour défendre efficacement les causes des jeunes ? Cela me préoccupe et j’attends de voir.
Propos recueillis par Dalay Lam