Après un accord entre le ministère de l’Intérieur et les partis politiques en vue de l’organisation en 2023 d’élections législatives, municipales et régionales consensuelles, on pensait que le plus dur était fait. Jamais en effet, dans l’histoire des élections, un consensus ne fut obtenu avec autant de facilité. Le respect et la considération manifestés par le président Ghazwani à cette opposition depuis son arrivée au pouvoir ont sans doute facilité la tâche à son bras droit envoyé à l’Intérieur pour gérer ce dossier délicat. Fort de son expérience lors de la Transition 2005-2007 qui s’est déroulée relativement bien, au moins en son aspect formel, Ould Mohamed Lemine a rassuré tout son monde. Mais un écueil demeure : la composition de la CENI. Si la tendance était, au départ, à une Commission composée uniquement de personnalités indépendantes, certains partis de la majorité et de l’opposition ont élevé la voix pour demander qu’elle soit représentative des formations politiques. Il faut dire que les postes sont alléchants et les indépendants ne sont pas toujours maîtrisables… Invitée à donner les noms de ses représentants, l’opposition a, encore une fois, fait à ce point étalage de ses divergences que le ministère de l’Intérieur était sur le point de choisir pour elle, la date fatidique du 31 octobre approchant à grands pas. La majorité, elle, n’a pas mis beaucoup de temps pour s’entendre sur une liste de 11 noms dont seront issus ses six représentants.
À une certaine époque guère lointaine, c’était la France qui disposait de la plus bête opposition du Monde. Aurait-on envié, en Mauritanie réputée indépendante, cette distinction à notre ex-colonisateur ? On n’est, en tout cas, plus loin de la lui ravir. Et apparemment, nullement décidé de la céder à quiconque... Chapeau bas, messieurs et dames !
Ahmed ould Cheikh