Réhabiliter la DGAPE avant les prochaines élections : La fiabilité du fichier électoral et des listes électorales est à ce prix

26 October, 2022 - 11:25

Clé de voûte de tout processus électoral, le   fichier électoral  est un registre national qui renferme   un certain nombre  d’informations  relatives à la   population en âge de voter, en vue de sa  participation  à une élection donnée. Les listes électorales utilisées le jour du vote, sont  extraites  de cette   matrice de données dont l’exhaustivité  et l’inclusivité  devraient être  un souci majeur pour tous  les acteurs politiques avertis et en particulier pour tous les    candidats qui veulent  briguer   le suffrage de leurs  concitoyens .

Dans notre pays, la réalisation d’un tel fichier doit être le fruit d’une collaboration étroite et  permanente entre la Direction Générale des Services d’Appui au Processus Electoral  qui en est   le maitre d’œuvre au terme de la loi  organique 2012-27du 12 avril 2012et plusieurs autres institutions gouvernementales, dont l’articulation des différentes données qu’elles détiennent concourent à la confection  de ce registre: il s’agit notamment de l’Office National des Statistiques, de l’Agence Nationale du Registre des populations et des Titres Sécurisés et   des  Municipalités.

Hélas, depuis sa proclamation  à nos jours, cette loi organique 2012-27 du 12 avril 2012 a été régulièrement  transgressée  en ses  articles 2 et 3, notamment en ce qui concerne les attributions  respectives dévolues à la Direction Générale des Services d’Appui au Processus Electoral (DGAPE) et à la Commission Electorale Nationale Indépendante. 

 

Urgence et précipitation

La première, dont c’est la mission principale, ayant été arbitrairement dessaisie de ce rôle au profit de la seconde qui ne dispose pas des outils nécessaires  pour le mener à bien, aucun fichier électoral digne de ce nom n’a été réalisé depuis les élections de  2013.Depuis lors , c’est à chaque fois, dans l’urgence et souvent dans la précipitation, que cette CENI n’a eu d’autre choix que de recourir  à l’organisation  d’un simple  Recensement Administratif à Vocation Electorale (RAVEL),au demeurant aléatoire, pour établir des listes qui ne peuvent être, dans ces conditions, ni exhaustives ni suffisamment  inclusives.

Comment en est-on arrivé à cette situation ubuesque, pourrait-on se demander légitimement ?

 Comme je l’ai déjà signalé plus haut, ce dysfonctionnement électoral très grave, qui frise l’aberration, procède  d’une décision autoritaire, prise en 2012, lorsque, pour ne rien refuser à son opposition ‘’responsable’’ ou  ‘’compatible’’, le chef de l’Etat  de l’époque  avait, sur demande insistante des leaders de cette opposition, accordé  le transfert à la  nouvelle institution indépendante, des  prérogatives de  la Direction Générale des Services d’Appui au Processus Electoral (DGAPE ) en  matière de confection du fichier électoral.

Sur le terrain, cette décision, dont aucun responsable de parti  politique ni aucun candidat  à des élections ne semble s’être rendu  compte de l’ampleur des conséquences négatives, a eu pour effet d’occulter systématiquement  plus d’un million d’électeurs potentiels.

L’on se souvient  en  effet, que sur une population totale de plus de 4 000 000 d’habitants dont plus de 2 500 000 en âge de voter, le nombre d’électeurs inscrits aux dernières élections législatives et municipales de 2018 était de  1 417 823.

Cette exclusion massive et structurelle de la quasi-moitié de notre électorat national perdurera  aussi longtemps que ce pseudo fichier électoral sera établi sur la seule base d’un RAVEL auquel on ne devrait recourir que dans une situation d’urgence exceptionnelle.

 

Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine