Mais quelle mouche a donc piqué ould Abdel Aziz ? Libéré de son contrôle judiciaire en attendant son procès, il s’est évertué à garder le silence avant de s’envoler en France pour « raisons médicales ». De fait, apparemment juste un leurre. Pris d’une soudaine diarrhée verbale dès qu’il a foulé le sol français, il est d’abord intervenu lors d’une rencontre avec une partie de la diaspora à Bordeaux lors d’un colloque sur les perspectives économiques de la Mauritanie. Une rencontre qui fut loin d’être un succès. Sans l’intervention de la police et son exfiltration, l’Ex n’était pas loin de subir les foudres d’une partie de l’assistance frustrée de le voir se présenter en parangon de vertu. Alors qu’il traîne des casseroles qui peuvent s’entendre à mille lieues. Il accordera ensuite une interview à Jeune Afrique et un entretien à France 24.
Se présentant en victime d’un règlement de comptes ourdi par des membres de l’entourage du président Ghazwani, il se dit prêt à être jugé mais il est persuadé que la justice ne suivra pas son cours normal, inféodée qu’elle est à l’Exécutif. L’homme sait de quoi il parle, lui qui asservit, une décennie entière, cette justice à son seul profit, se permettant même de limoger le président de la Cour suprême et ordonnant qu’on empêche celui-ci d’accéder à son bureau.
Autre thème majeur évoqué lors des deux entretiens : la lutte contre le terrorisme. Un danger qui guette, selon lui, tout le Sahel et même une partie de l’Afrique de l’Ouest. Adressant une critique à peine voilée à la France qui « a certes fait du bon boulot en 2013 au Mali lorsqu’elle a repoussé les jihadistes qui marchaient sur Bamako mais négocié ensuite avec les terroristes », il prône la méthode forte qu’il a appliquée et qui a donné de bons résultats. Sans préciser à quels prix ? Tout comme il a louvoyé chaque fois qu’on évoque la fortune qu’il prétend(ait) détenir et dont il ne semble plus trop sûr de l’immensité :remonter au vent contraire implique effectivement des détours…
Ahmed ould Cheikh