Elles rutilent, exposent leurs charmes aux passants et se bronzent nues au soleil comme des vacancières. Elles, ce sont ces voitures exposées sans modestie par de puissants individus, frères de Qaroun en arrogance. Qaroun, ce contemporain de Moussa (PSL), dont le Saint Coran dit que les clefs de ses magasins étaient si lourdes qu'elles harassaient toute une escadre d'hommes. Son arrogance était telle qu'il s'exposait dans ses plus beaux atours devant la populace, exactement comme lesdites voitures.
Elles représentent plusieurs centaines de millions de MRU soustraites aux impôts mais malheureusement pas aux regards des pauvres gens qui chaque jour passent, par cohortes devant elles, en quête de bienfaiteurs charitables. Leurs propriétaires veulent-ils concurrencer Qaroun ? Connaissent-ils seulement le destin de celui-ci ? Ont-ils lu la Sourate Al Kewthar (L'Agrandissement) ? Passant presque quotidiennement devant tel ou tel de ces étalages, j'éprouve l'impression qu'ils ne font l'objet d'aucune transaction, tant le nombre de voitures semble demeurer constant, sinon augmenter. Fouillant les textes de loi, je n’ai rien trouvé sur la présentation des produits commerciaux mais, partout ailleurs dans le monde, elle s’organise à partir d’une salle d’exposition (show room) ; le stock – en l’occurrence de mon présent propos, le parc des voitures – se tenant discrètement à l’arrière. C'est ainsi d'ailleurs que procèdent les concessionnaires de marque dans notre pays.
Mon propos n'est pas d'interdire l'accumulation de voitures, de bétail ou de toute autre chose mais d'insister sur l'impératif pour la justice, l'équité et la transparence – plus simplement encore, la bienséance –de déplacer de tels biens en des lieux plus appropriés. Et de les taxer, avec redressement fiscal si nécessaire, pour inciter les possédants à orienter leur épargne, non pas vers l'accumulation stérile, mais vers des investissements générateurs de valeur ajoutée et d'emploi.
M'Rabih Rabou ould Cheikh Bounena