Dans quelques mois, seront organisées des élections législatives, une échéance cruciale sous d'autres cieux. Chez nous, en revanche, plusieurs zones d'ombre risquent de s'inviter, rendant cette échéance anodine, voire superflue.
L'organisation d'un scrutin n'est pas une fin en soi, mais doit être - entre autres - un moyen d'apaiser un climat tendu, affermir des institutions balbutiantes, consolider l'Etat de droit. L'apaisement du climat politique avait commencé sous les meilleurs auspices avec l'ouverture précoce de l'actuel pouvoir sur les autres acteurs politiques et la systématisation d'un cycle de rencontres qui avait fait naître des espoirs chez toutes les parties prenantes et fait miroiter une rupture définitive avec les pratiques d'antan. Malheureusement, si l'on en croit les déclarations des différentes parties concernées, cet espoir a vite fait place à la déception voire la désillusion. En cause, selon ces sources, le maintien dans les plus hautes sphères du pouvoir, de caciques de l'ancien régime (des anciens régimes, devrions-nous dire) qui trouvent leur intérêt dans le statu quo. Ces habiles manœuvriers auraient été l'obstacle infranchissable devant les nouvelles orientations de l'actuel régime.
L'affermissement des institutions a toujours été un objectif déclaré des régimes successifs depuis l'avènement de la démocratie "baulienne". Or, sans l'organisation régulière de scrutins transparents, la démocratisation restera un processus mutilé.
La consolidation de l'Etat de droit s'impose chez nous comme étant un impératif des plus pressants. Les injustices accumulées depuis des décennies, les inégalités aveuglantes, le fossé de plus en plus profond entre riches et pauvres, autant de facteurs qui rendent la barre de la responsabilité des gouvernants encore plus haute.
À la veille des élections, force est de constater que les conditions de leur organisation sont loin d'être idoines. Du dialogue mort-né à la précarisation de l'écrasante majorité de la population, en passant par la crise sanitaire aiguë Covid 19, y aura-t-il des oreilles attentives et surtout des corps sains pour écouter et comprendre les discours oiseux, les péroraisons fastidieuses et les joutes futiles de quelques professionnels du boniment ?
Au moment où de pauvres concitoyens sont engagés dans une lutte sans merci pour survivre (simplement survivre), et où les prédateurs sans foi ni loi continuent allègrement d'engranger d'énormes profits indus sur leur dos, les prochains rendez-vous électoraux risquent fort de tourner à un dérivatif...de la détresse.
Le pouvoir en place a encore les cartes en main et partant du diagnostic de la situation, sait ce qu'il doit faire.
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.