Après un an de contrôle judiciaire strict, au cours duquel il n’a pas fait beaucoup de bruit et après avoir été dispensé de venir signer à la direction de la Sûreté, l’ex-président Ould Abdel Aziz a retrouvé la liberté. En attendant son procès. Faut-il se réjouir que la justice ait suivi son cours normal sans intervention de l’Exécutif – contrairement à ce qui avait cours sous son magistère – ou déplorer, au contraire, sa lenteur dans un dossier vieux de plus de deux ans et commencer à douter qu’il ne finisse en eau de boudin ? Les avis sont partagés. Et ils ne seront départagés qu’après un procès public et un grand déballage que seuls peuvent craindre ceux qui ne sont pas blancs come neige. Ils sont nombreux, Aziz et sa bande pouvant entraîner dans leur sillage du beau monde. Et ils s’en vantent, paraît-il. D’où le risque de voir l’affaire traîner en longueur, s’éterniser jusqu’à devenir banale…et finir aux oubliettes. L’argent (des milliards sonnants et trébuchants), des terrains, des biens et immeubles ont été saisis mais est-ce suffisant ? Pour une ouguiya saisie, combien d’autres ont échappé aux mailles du filet ? Et le magot planqué à l’étranger ? Le « Casse du Siècle » est loin d’avoir révélé tous ses secrets et, si, de surcroît, ses auteurs continuent à se la couler douce, l’impunité risque de voir encore de beaux jours devant elle. D’où l’urgence pour le pouvoir actuel qui a ouvert cette boîte de Pandore d’aller jusqu’au bout. Laisser la justice faire son travail ne signifie pas fermer les yeux sur ses éventuels manquements. L’enjeu de ce quinquennat, c’est bel et bien l’enracinement d’une démocratie réelle, bien appuyée sur des bases solides. À bon entendeur, salut, Président !
Ahmed ould Cheikh