Les mêmes scènes se répètent chaque hivernage. Invariablement. À chaque pluie qui s’abat sur la capitale, les rues se gorgent d’eau qui finit par s’infiltrer jusque dans les maisons, rendant chaotique le déplacement des voitures et des piétons. Des mares se forment un peu partout, lies nauséabondes, lits de moustiques et autres bestioles tout aussi nuisibles...Avec les fortes précipitations successives qu’a connues Nouakchott cette année, la situation est plus que jamais invivable, particulièrement à Dar Naïm, Sebkha et El Mina où, délogées par les eaux, des familles entières sont obligées de quitter leur maison. Même Tevragh Zeïna, le quartier chic où une société chinoise avait installé, il y a quelques années, un système d’évacuation des eaux de pluie, n’a pas été épargné. Ses rues sont gavées d’eau et, en dehors des axes principaux, il est impossible de s’y déplacer.
Jusqu’à quand continuerons-nous à vivre un tel calvaire ? Jusqu’à quand la pluie, ailleurs bénédiction, restera-t-elle malédiction pour nous ?Est-il quelque part écrit que Nouakchott ne sera jamais une ville ordinaire dotée d’un système ordinaire d’évacuation des eaux usées ? Pourtant l’ancien Nouakchott, celui que les fondateurs avaient construit, était doté d’égouts. Mais l’improvisation et l’anarchie qui ont prévalu après 1978 ont fait pousser les nouvelles habitations comme des champignons sans le minimum d’infrastructures. Avec le résultat qu’on vit actuellement. Prix d’une viscérale inconséquence nationale, boulet du chacun pour soi, avec le bout du nez en seul horizon ? Si l’on veut vraiment assainir nos rues, commençons donc par assainir nos neurones…
Ahmed ould Cheikh