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4 August, 2022 - 00:50

Adoption d’une loi controversée relative à la réforme du système éducatif

Sans prendre en compte les avis et recommandations des experts, militants des langues nationales et de divers députés partisans d’amendements, l’Assemblée nationale a adopté comme une lettre à la poste, lundi en séance plénière, la loi d’orientation de l’Éducation nationale. Ce texte est vivement contesté par la mouvance politique négro-africaine et la procédure de vote a suscité des manifestations hostiles émaillées d’incidents.

Défendant le document, le ministre de l’Éducation nationale et de la réforme du système éducatif, porte-parole du gouvernement, Mohamed Mélaïnine ould Eyih, a précisé que « cette loi est intervenue pour mettre un terme à la détérioration alarmante du système éducatif national et son incapacité à relever les défis auxquels le pays est confronté, une situation à laquelle les réformes successives n’ont pas réussi à remédier depuis l’indépendance ».

« L’État mauritanien vient une nouvelle fois de sacrifier », indique OLAN, « un droit fondamental d’expression en s’adonnant au musellement et à la répression de paisibles militants qui demandaient qu’il leur accorde des droits fondamentaux. Nous appelons les organisations nationales et internationales des droits de l’Homme à prendre conscience de cette situation préoccupante. […] Par cette loi, la Mauritanie prive des franges de sa population d’un droit fondamental d’expression culturelle. La répression observée hier et aujourd’hui n’en constitue pas moins une violation grave d’un droit fondamental garanti par la Constitution ».

Pour l’AJD/MR, la loi d'orientation sur l'éducation nationale votée le 25 Juillet dernier marque le parachèvement d'une arabisation de la Mauritanie engagée au lendemain de l'Indépendance. Lancée en 1966 sur fond de violences et de répressions, elle se termine aujourd'hui dans la même violence répressive, jusque dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, devant des députés dociles et aux ordres, qui ont entériné, comme en 1993 pour amnistier les génocidaires des années de braise, une loi scélérate.

Le député Mohamed ould Mouloud, leader de l’Union des forces de progrès (UFP) déplore notamment, dans un entretien avec le360.ma, le fait que la majorité des députés favorables au pouvoir en place ait rejeté une proposition de report du vote pour un débat plus approfondi et une réflexion féconde sur les modalités de mise en œuvre. Considérant que « le travail continue » en perspective du décret d’application, le leader de l’UFP plaide en faveur de la mobilisation de toutes les forces patriotiques afin de peser sur la suite des événements. Quant à la députée Kadiata Malick Diallo, elle a suggéré un amendement de l'article 65 pour lever dans le texte de la loi l’ambiguïté dénoncée par les Non-arabes mais son initiative a été rejetée.

La nouvelle loi maintient l’arabe comme langue d’enseignement pour tous les élèves, introduit les langues nationales dans le système éducatif et maintient le français dans un statut de langue de communication. Mais un flou demeure autour de la période transitoire et du concept d’évaluation évoquée à l’article 65 du texte. En Mauritanie, toutes les réformes du système éducatif se sont soldées depuis l'Indépendance par des échecs, plongeant, depuis plusieurs dizaines d’années, l’école dans une profonde crise.

 

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Les pêcheurs en grogne contre des taxes surélevées

Décidément, la « mal-saison » sociale n’en finit plus en Mauritanie où les mouvements de protestation contre la vie chère et les taxes anachroniques ne cessent chaque semaine d’agiter le pays. Les consommateurs mauritaniens sont depuis des mois frappés de plein fouet, notamment par la raréfaction du poisson aux étals des marchés ou à la plage des pêcheurs. La situation perdure en raison du refus des autorités de surseoir aux mesures jugées excessives par les pêcheurs mauritaniens. En grosse colère, ces derniers ont appelé le 26 Juillet, lors d’un sit-in de protestation au Carrefour de la plage, à la solidarité nationale pour faire face la hausse du carburant et des taxes (315% !) sur les sennes tournantes. En dépit de la pénurie chronique en poissons, les utilisateurs de ces sennes doivent débourser le montant exorbitant de 111 000MRU, pour pouvoir s’adonner à leur activité. Pire, les pêcheurs doivent s’acquitter d’une dîme de 450 MRU à chaque tonne de poissons débarquée. Lors de cette grande mobilisation qui a réuni 2600 personnes, selon les estimations des organisateurs, les pêcheurs ont rappelé au chef de l’État ses engagements sociaux et lui ont demandé de donner des instructions fermes au département des pêches afin de trouver des solutions urgentes à la gravité de la situation. Issa Diop, ex-pêcheur et mareyeur, en peint un sombre tableau :« Malgré les efforts déployés pour la formation, les emplois directs et indirects et l’approvisionnement régulier du marché, les pêcheurs ploient sous une charge inextricable. »

Pour Oumar Diallo, trésorier des sennes tournantes, « l’heure est grave. Le président de la République doit intervenir et mettre fin à ces taxes anachroniques. » Il souhaite des concertations entre le ministère des pêches et les acteurs du secteur pour trouver des solutions pérennes. Massaër Seck lance quant à lui un cri du cœur. « Il urge de trouver une solution satisfaisante pour continuer à assurer l’autosuffisance en poisson ». Depuis l’instauration de ces mesures à tous égards draconiennes, les pêcheurs mauritaniens vivent dans un désarroi inénarrable et n’ont pas manqué de le rappeler lors du sit-in.

Depuis 2016, les licences dont devaient se prémunir tous les types d’embarcation, y compris celle des sennes tournantes, s’obtenaient moyennant le versement de 38 500MRU. Ce sésame octroyait à ses détenteurs le droit de pêcher tous les types de poissons légalement autorisés et tous s’en acquittaient sans rechigner. La situation s’est corsée le 22 Juin dernier, lorsque le ministre de la Pêche et de l’économie maritime décidait d’imposer le paiement de trois licences au lieu d’une : 66 000 MRU pour la pêche pélagique, 75 500 pour la pêche à la courbine ou les deux cumulées à 111 000.