Comme avec la fête de Maouloud, la naissance du Prophète Mouhamed (PSL), nombre de mauritaniens rentrent au terroir pour célébrer la fête de tabaski auprès d’une partie de la famille restée au village par exemple. C’est pourquoi, depuis presque une semaine, les grandes gares routières sont prises d’assaut par les candidats au départ. Cette année, la Tabaski coïncide avec le début des vacances scolaires. Un petit tour dans les gares de la SOCOGIM, l’une des plus importantes de Nouakchott qui reste pourtant mal lotie et désordonnée et de Rosso fortement affectée par la concurrence de nombreuses agences de voyage, permet de mesurer l’ampleur des départs vers différentes directions du pays, notamment vers l’est et le sud. Dans les agences de voyages comme SONEF, Bouragh, Eslama, l’affluence est énorme. Les gens viennent de presque tous les quartiers de Nouakchott. Les taxis y déversent passagers et leurs bagages. On y rencontre des hommes et des femmes dont certains en famille, des jeunes garçons et filles. Certains trimballant des bagages. A la gare de la SONEF, il fallait s’armer de patience et même se battre pour décrocher une place quand bien même vous avez réservé la veille. Ici, on a assisté à de grosses bousculades à l’embarquement ; certains de ceux qui avaient réservé leurs billets s’inquiétaient de ne pas pouvoir voyager tant le flux était énorme. Le service de sécurité, de billetterie étaient débordés, les agents sont tirés à gauche et à droite par des passagers pour « marquer » leurs bagages. Le spectacle était ahurissant. L’atout de cette agence est que ses billets étaient accessibles mais surtout que les conditions de voyage sont confortables. Les bus sont climatisés. Mais avec la fête, les tarifs ont augmenté. Ceux qui devaient payer 6000 Um pour se rendre à Maghama et environs ont du débloquer 9000 Um, sans compter le ticket de bagages. Ibrahima qui devrait se rendre dans un village dans les environs de Maghama et à qui ont a réclamé 3000 um pour ses petits colis s’est offusqué : ‘’Non seulement vous avez augmenté le billet de 3000 Um alors qu’on payait 6000, maintenant vous demandez 5000 Um pour ce petit colis, ce n’est pas sérieux de profiter de ce moment pour traiter les citoyens de cette manière.‘’ Il finit par s’incliner car il sait qu’au fur et à mesure que la fête s’approche, les tarifs continueront à monter.
Au garage de la Socogim, ce jeudi matin, l’ambiance ressemblait à celle des autres gares. Ici, ce qui frappe c’est l’anarchie qui sévit. Les véhicules de toutes sortes en partance vers toutes les directions sont stationnés n’importe comment, l’espace leur est disputé par les petits commerçants.
Munis de leurs tickets, les courtiers interpellent les passants pour leur demander vers quelle direction ils voudraient voyagent : Kaédi, Boghé, Sélibabi, M’Bout, Barkéol.... Ici on peut voyager à bord de toutes sortes de taxis brousse : minibus, grand bus, car, peugeot 504, Mercedes 190, Toyota Hilux etc. Rencontré dans les bousculades, Mohamed, un des courtiers de la place raconte que les tarifs ont augmenté vers toutes les directions. Ainsi, pour Kaédi, il faut désormais débourser 7000 UM et 10000 pour M’Bout. Et pour Sélibabi, un autre raconte qu’il faut compter les 13000 voire 14000. Sans compter le ticket de bagages. Sur les toits des véhicules, les apprentis montent et attachent les bagages. Comme c’est l’hivernage, ils prennent le soin de mettre des bâches.
Du côté des différentes gares en partance pour Rosso, on rencontre des voyageurs qui tirent des moutons. Bon nombre de sénégalais rentrent avec leur bête au pays, soit pour les revendre, soit pour les immoler le jour de la fête.
Aux côtés de ces grandes gares, certains chauffeurs de voitures personnelles se transforment en transporteurs interurbains à la veille de la fête ; on les trouve stationnés prés de Poteaux III, près de la centrale Thermique de Nouakchott, en quête de passagers, ils n’hésitent pas à héler les passants et les taxis pour mobiliser des voyageurs vers Rosso surtout. La fête de Tabaski est devenue depuis quelques années une occasion de retourner au bercail pour fêter avec les siens. Des retrouvailles très utiles pour les familles mais aussi pour se débarrasser du stress des grandes villes comme Nouakchott.
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?