Dans quelques jours, les mauritaniens vont célébrer, à l’instar de la Umma Islamique, la fête d’Id Al Adha, appelé aussi la fête du mouton. Un tour au marché du bétail de Sebkha à quelques encablures de l’école Thierno Souleymane Ball de Sebkha, permet d’imaginer à quelle sauce les chefs de famille seront mangés. Aménagé par la mairie de Sebkha pour limiter l’anarchie enregistrée à l’approche des fêtes, ce nouveau marché, qui ne date que deux ans, reçoit essentiellement des moutons domestiques, contrairement aux autres marchés alimentés de l’intérieur du pays. A l’approche du marché, on rencontre des propriétaires poussant leur bête vers celui-ci, mais également ceux qui ont acquis leur bête pour la fête. Dans ce marché, force est constater que les prix sont très élevés pour ne pas dire hors de portée de la majorité de la population. Ils oscillent entre 70, 150, 200 et 250 et 300 mille Ouguiya. Un jeune qui traînait un mouton de l’espèce La’doum réclame 750 mille Ouguiyas pour sa perle, une espèce utilisée pour la reproduction. Ceux qui ont investi dans l’aliment de bétail cherchent visiblement à recouvrer leurs dépenses. Les moutons sont certes grands, gras et gros mais leur prix est très élevé pour ne pas dire excessif. Il faut négocier très serré pour s’en sortir.
Il faut rappeler qu’avant l’érection de ce nouveau marché de bétail domestique, les vendeurs et leurs clients se donnaient rendez-vous auprès du cinéma Saada de Sebkha. Ici, ils sont principalement sénégalais. Comme certains mauritaniens, ces sénégalais élèvent et engraissent les moutons avant, soit pour de les revendre ici, en Mauritanie avant de repartir fêter au pays, ou au Sénégal pour acquérir le franc CFA. Faute de quoi, leurs économies en Ouguiyas fondent comme neige au soleil. Parce que depuis quelques années, le cours d’échange est favorable à cette monnaie de l’UEMOA. C’est d’ailleurs pourquoi ils achètent d’autres produits comme le sucre ou des tissus qu’ils revendent de l’autre côté du fleuve Sénégal.
Le commerce de mouton domestique est devenu un véritable business. Certains disposent, malgré l’étroitesse de leur maison, de véritables parcs ; on rencontre certains d’entre eux dans les rues à la recherche de cartons, de papiers, de quelques fruits d’arbres ; ils recourent aussi aux tourteaux ou aux restes d’alimentations pour engraisser leurs bêtes. Certaines personnes ne vivent que de ça et profitent des fêtes pour réaliser de bonnes affaires. Après avoir vendu leurs gros moutons, ils en acquièrent d'autres plus petits et moins couteux. Le reste de l'argent ira vers les habits et aux produits alimentaires du jour de la fête.
Il est à signaler aussi que depuis quelques années, certains mauritaniens ont fini d’adopter le mode des voisins du sud. Pour la fête de Tabaski, il faut acquérir un gros mouton qu’on expose devant la maison et les voisins, le jour de fête. C’est comme une espèce de compétition.