Toujours très modéré vis-à-vis du pouvoir de Ghazwani avec lequel il a, dès le départ, entretenu des relations apaisées – contrairement à son prédécesseur qui vouait aux gémonies l’opposition qui le lui rendait bien – le leader historique de l’opposition Ahmed ould Daddah vient de sortir de sa réserve. Après la suspension du dialogue dont les préparatifs du lancement étaient assez avancés, il appelle le Président et le pays en général à former sans plus tarder un « front intérieur solide, permettant à nos populations, en particulier aux franges les plus fragiles et notamment la jeunesse, de résister aux sirènes des dangers qui nous guettent ». Et de noter les « défis liés aussi bien à [notre] environnement géographique immédiat qu’aux enjeux intérieurs qui nécessitent des solutions consensuelles, seules garantes de stabilité, de cohésion sociale et d'un fonctionnement apaisé de toute démocratie. […]
« D'une importance capitale, ce front ne peut cependant s’édifier que si les défis intérieurs sont largement discutés, afin d'entamer un processus susceptible d'en venir à bout, en s’accordant sur des solutions consensuelles aux questions fondamentales incluses dans le projet de dialogue récemment suspendu. Cette suspension a pris de court toute l'opinion nationale, menaçant d’étouffer tout espoir de lendemains meilleurs, après que l'opinion publique nationale eut considéré que cette dynamique était de bonne augure ».
Ahmed ould Daddah juge le contexte explosif. « Un dialogue national inclusif et constructif, capable de permettre au pays de surmonter les problèmes qui entravent son unité, sa stabilité, son processus démocratique et son développement, est plus que jamais nécessaire ». Avant qu’il ne soit trop tard, entend-on clairement en filigrane : l’accumulation des problèmes quotidiens – inflation, cherté croissante du coût de la survie… – le spectacle d’une gouvernance, disons « approximative», à mille milles de ceux-ci, la perpétuation d’inégalités statutaires et ethniques ; le tout augmenté d’aussi criardes injustices dans le règlement des conflits ; assombrissent, jour après jour notre capacité à discuter posément des problèmes. Il faut se rendre à l’évidence : le temps nous est compté.
Ahmed ould Cheikh