Dans son éditorial hebdomadaire du Calame en date du 1er Juin 2022, Ahmed ould Cheikh, directeur de la publication de ce journal le plus lu de la presse mauritanienne, écrivait que la nouvelle a de quoi surprendre : « L’ancienne Première dame, Tekeïber mint Ahmed cherche, après quarante ans de vie commune, (dont onze au Palais présidentiel) à obtenir auprès des services de l’état-civil une attestation de mariage avec son époux Mohamed ould Abdel Aziz».
Ce jour-là, le 1er Juin 2022 justement, pendant que (Tekeïber) la 8ème ex-Première dame de Mauritanie se débattait auprès de l’Agence Nationale du Registre des Populations et des Titres Sécurisés pour obtenir le document auquel elle a pourtant droit, (mais qu’elle avait peut-être oublié de se procurer à temps, trop occupée à faire autre chose), la nouvelle Première dame, Mariam Ghazwani attendait à la passerelle d’un avion la descente de Letizia Ortiz, reine d’Espagne qui allait entamer une visite officielle dans notre pays.
Les deux Premières dames (la reine d’Espagne, 50 ans, ancienne journaliste vedette de la chaîne publique TVE) et l’épouse du chef de l’État mauritanien, (Mariam mint Dah, 42 ans, stomato) qui vont échanger accolades sous une tempête de sable ne se voient pas pour la première fois. Elles s’étaient déjà rencontrées le 17 Mars dernier à Madrid et avaient déjeuné ensemble au Palais de la Zazuala, lors d’une réception organisée en l’honneur du couple présidentiel mauritanien par le roi d’Espagne Felipe.
Beaucoup de téléspectateurs s’attendaient peut-être à voir descendre de l’avion royal une femme en tailleur griffé du plus grand couturier espagnol avec sur la tête la mythique couronne, ce diadème de style rocaille en perle et diamants Mellerio, un ensemble de joyaux établis par Victoria Eugénie, la veuve d’Alphonse XIII, à l’origine cadeau du général Franco à Sophie princesse d’Espagne. Mais grande était leur surprise de découvrir une jeune femme à la taille fine habillée en simple gilet rouge sortir de l’avion.
Pourtant, cette capture d’image de la reine qui descendait les marches de la passerelle de l’avion comme une hôtesse de l’air d’un jet privé est très symbolique. Letizia Ortiz Jésus José Ortiz Alvares de son vrai nom était habillée d’un gilet de l’AECI, (l’Agence Espagnole pour la Coopération Internationale au Développement). L’équivalent de la GTZ de l’Allemagne ou de l’ACF de la France, l’AECI, (l’Agence Espagnole pour la Coopération Internationale au Développement) représente pour la reine Letizia un symbole très fort qui envoie un message visuel d’amitié et de coopération entre le royaume d’Espagne et les pays en développement.
Fondée en Novembre 1988, l’AECI est l’organe de gestion de la politique espagnole de coopération internationale. Letizia, appelée sur le continent africain « la Reine des pauvres », est une humanitaire qui s’est toujours battue sous les couleurs de l’AECI, l’Agence humanitaire espagnole, pour le renforcement de la coopération espagnole avec les pays en voie de développement.
L’Espagne, une réelle coopération positive avec la Mauritanie
En Mauritanie l’AECI intervient dans plusieurs domaines en rapport avec le développement à la base. Les Espagnols sont partout présents, pour tout et pour tous. Ils participent efficacement à la modernisation de l’agriculture, au renforcement du développement rural, à la sécurité alimentaire, à l’ouverture d’emplois et à l’assistance de proximité en faveur des communautés rurales.
L’Espagne est le pays européen qui soutient le plus les secteurs productifs en Mauritanie. Son rôle est déterminant dans l’environnement, la formation du personnel médical spécialisé et l’humanitaire dans les zones enclavées. En plus de ce large spectre d’activités de coopérations multiformes et multidisciplinaires, l’AECI (l’Agence Espagnole pour la Coopération Internationale au Développement) assure une prise en charge sanitaire et nutritionnelle aux femmes et aux enfants et contribue positivement à la promotion des droits de la Femme, à l’autonomisation de celles-ci et participe au renforcement institutionnel en contribuant à la mise en place d’une politique de bonne gouvernance.
Mariam Ghazwani, une femme qui épaule son mari par une diplomatie humanitaire efficace
Bien avant d’avoir cette eu cette chance d’être la Première dame de son pays, (titre qu’elle a obtenu en se battant pour son mari tout au long de la campagne électorale de 2019minée par des pièges tendus à son mari), Mariam mint Dah était déjà versée dans l’Humanitaire et avait injecté beaucoup de ses moyens propres pour porter assistance à des enfants atteints de maladies spécifiques ou rares.
Depuis que son mari a été élu à la tête de ce pays ruiné par une décennie de gabegie, de détournements et de vols multiformes en bandes organisées, Mariam Ghazwani se bat pour exiger du régime de son mari, (en tant que femme mauritanienne avant tout), qu’une réelle priorité soit accordée par le gouvernement pour une prise en charge sociale, sanitaire et nutritionnelle pour les femmes, et les enfants et pour une contribution positive à la promotion de leurs droits.
Depuis qu’elle est entrée au Palais (en Août 2019), madame Ghazwani joue à la matrone, à la surveillante, à l’éducatrice et à l’infirmière pour assurer un bien-être aux enfants des familles déshéritées. C’est pourquoi, à chaque déplacement de son mari à l’étranger, (contrairement à beaucoup d’autres Premières dames des pays du continent qui profitent des voyages de leurs maris pour faire le tour des joailleries), Mariam vaque-t-elle à ses occupations et à son sport favori, celui de taper à toutes les portes des coopérations humanitaires internationales pour leur demander d’apporter assistance aux plus vulnérables de son pays.
La visite de la reine d’Espagne en Mauritanie, une grande victoire pour la diplomatie humanitaire
« Taazour », « Echayla », « Ewlewiyatys », le président Ghazwani utilise dans son vocabulaire de chef d’État des expressions qui répètent peut-être à haute-voix ce que lui dicte à basse-voix Mariam mint Dah, une intellectuelle née d’un sang à globules démocratiques transfusé dans ses veines par son père, Mohamed Fadel ould Dah, ancien militant du MND et ancien diplomate qui s’est toujours distingué par son combat progressiste inlassable pour le développement et le progrès de la Mauritanie.
La lecture du programme de la visite effectuée par la reine Letizia à Nouakchott, (une reine conditionnée par un régime alimentaire très strict, parce qu’elle ne consomme pratiquement que des pastèques, des melons, des oranges, des raisons ou du chocolat), montre bien à quel point Mariam Ghazwani souhaite que la coopération espagnole soit très étendue à des activités de programmes prioritaires de son mari qui touchent aux aspects liés au genre, à la petite enfance et à la santé familiale.
Même si le vent de sable est venu malheureusement jouer au trouble-fête de cet exploit réussi par la Première dame du pays de déplacer l’une des plus célèbres reines européennes de notre époque, n’empêche, madame Ghazwani a montré une fois de plus que son rôle au Palais n’est pas un rôle de figurante d’un spectacle, mais bien celui d’une femme investie par sa propre volonté d’une mission d’apporter le plus possible à son pays à travers une diplomatie humanitaire pour faire face aux difficultés liées à la pauvreté et au sous-développement.
De cette visite historique donc, certainement découleront la signature de nouveaux accords-cadres entre l’Espagne et la Mauritanie, deux pays liés depuis des décennies par des coopérations bilatérales stables qui profitent plus à notre pays, surtout dans les domaines de la pêche et de la sécurité alimentaire humanitaire. Le 26 Mars dernier, Pilar Cancela Rodriguez, Secrétaire d’État espagnole chargée de la Coopération Internationale (SECI) avait achevé une mission de travail dans notre pays. Inscrit comme pays prioritaire par la coopération espagnole, la Mauritanie va tirer profit d’un renforcement considérable de coopération dans les domaines des affaires étrangères, l’économie, l’agriculture, la santé et la culture.
La bénédiction du couple présidentiel plane peut-être sur la coopération humanitaire mauritano-espagnole et c’est tant mieux. Félicitations donc pour la Première dame, madame Ghazwani pour la victoire remportée en faisant accepter la reine d’Espagne de visiter notre pays. Mint Dah peut maintenant aller à l’Agence Nationale du Registre des Populations et des titres Sécurisés au cas où…. elle aurait, elle aussi, oublié… de… à temps.
Mohamed Chighali
Journaliste indépendant
(1) Note du correcteur : Conformément à l’esprit même des « Mauritanides » du regretté Habib dont la saveur unique tenait à l’entière responsabilité de l’auteur à assumer son propre style, le correcteur de ce texte s’est strictement tenu à ne revoir que l’orthographe de celui-ci…