Par la force des choses on parle davantage maintenant de concertations que de dialogue pour les assises en perspective, alors que les mots ont leur sens ! Au regard de l’objet, des enjeux et des expériences menées ailleurs pour ce genre de débat sur les grandes questions nationales, je crois que le terme juste qui sied le mieux serait celui de dialogue …Mais l’on constate que, depuis toujours sans jamais varier, l’autre partie s’en tient, strictement au terme ‘’concertations’...Or cela devrait nous interpeller, nous autres de l’Opposition, car les mots ont leur sens, encore une fois ! Mais, par esprit de compromis excessif, d’aucuns, parmi nous, ont accepté de faire de ces deux termes des mots interchangeables, sémantiquement, sans en mesurer les risques …
Nous allons donc rentrer dans un débat, sans en définir les contours, dans une ambiguité délibérée autour de deux termes au contenu et acception fort différents !
Autre facteur qui me rend dubitatif : ce Président a adhéré, sans enthousiasme débordant, à cette perspective de rencontre ; et c’est peut-être pourquoi il n’en parle jamais directement, explicitement, lui-même, comme pour marquer encore sa réticence ; c’est toujours par délégation, à des seconds couteaux ...
Par ailleurs des Concertations-dialogue de cette dimension auraient dû, en toute logique, prendre en charge totalement les grandes questions qui posent problème, telle la question de l’égalité des composantes nationales dans leur diversité, telle la question de l’éducation, celle du génocide appelé ‘’passif’’, celle de l’esclavage et des terres …Or ces questions - substance même des concertations - sont entrain, sur le moment, d’être vidées, traitées, en solo sous la table par ce Président !
Autre question essentielle, encore en litige : qu’adviendra-t-il des conclusions de ces concertations - dialogue ? Qu’en fera -t-on ? Quelles garanties ?
L’’adage dit bien que ‘’ les promesses n’engagent que ceux qui y croient ‘’ …
Il eût été essentiel que l’élite arabo-berbère tienne, au préalable, en son sein, un débat interne sur la question de l’Unité entre nos entités ethniques et culturelles différentes, comme ce fut le cas ailleurs ! Il eût été important qu’elle se parle pour nous dire si oui ou non nous devons vivre ensemble ? Si oui, sur quelles bases ? Débat, nécéssaire, même indispensable, qui aurait eu le mérite de déblayer le terrain et de nous faire l’économie de bien des arguties !
Pas d’instrumentalisation!
Au vu de toutes ces conditions dans lesquelles ce dialogue est voulu et se tient, et qui interrogent, Nous au FPC avons, pour notre part, décidé, malgré tout, d’y prendre part avec une disposition d’esprit positive, animés par la volonté sincère de recherche de solutions aux problèmes du vivre-ensemble, qui minent notre unité, menacent notre stabilité et plombent notre développement; disposition d’esprit que nous espérons partagée par tous les autres acteurs politiques, dans l’intérêt supérieur de notre pays …
Cela dit, d’ores et déjà, nous devons toutefois annoncer que nous refuserons toute instrumentalisation …Dialogue sincère, réel, oui ; instrumentalisation comme pour les dialogues précédents, Non !
Samba Thiam.
Président des Forces Progressistes du Changement ( FPC).