Depuis quelques jours, un audio s’attaquant violemment à la communauté halpulaar circule sur le Web. Il n’est malheureusement pas le premier et ne sera sans doute pas le dernier. « Les réseaux sociaux », disait Umberto Eco, « ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui ne parlaient, avant, qu'au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd'hui, ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel ». Dégoulinant de mauvaise foi et truffé de contre-vérités historiques, ce vocal, dont l’auteur a été arrêté et devra répondre de ses actes, n’a d’autre objectif que de nuire et provoquer à dessein des réactions en cascade. D’où une multitude de questions : qui a intérêt à jeter de l’huile sur le feu ? Qui gagnerait à dresser une communauté contre une autre ? Certes les extrémistes, ces imbéciles dont parle Eco, sont légion mais c’est à la loi de les faire taire. La paix sociale a déjà été tant mise à rude épreuve par le passé qu’il serait dangereux de s’aventurer sur ce terrain miné. Il suffit parfois d’une étincelle pour provoquer un brasier. Nous n’en sommes heureusement pas là, même si les nerfs, devant les injustices et les frustrations accumulées, sont parfois à vif. La paix sociale, pour paraphraser Clémenceau, est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux extrémistes de tous bords. C’est à l’État de prendre ses responsabilités, sévir contre ce genre de pratiques et, surtout, veiller à ce que les bases d’une justice sociale soient définitivement ancrées pour que plus personne ne se sente étranger dans son propre pays.
Ahmed ould Cheikh