La Mauritanie, comme tous les pays au monde, a été frappée de plein fouet par la pandémie, la crise des chaînes logistiques et la terrible inflation, conséquence de l’invasion de l’Ukraine. Malgré la multiplication de ces fléaux socio-économiques, le pays a su faire face et a prouvé sa résilience. Depuis deux ans, le gouvernement, les travailleurs, les entreprises mauritaniennes ou étrangères, et la société civile dans son ensemble ont travaillé conjointement pour relancer la machine économique du pays. Ces efforts commencent à payer, mais gare aux semeurs de discorde qui cherchent à détruire ce que nous efforçons à reconstruire. Depuis le début de l’année, notre pays est en effet ralenti par différentes vagues grévistes, mettant en péril la reprise économique. En dernière instance, des employés de Tasiast qui ont récemment déposé un préavis de grève.
Efforts collectifs uniques
Ces deux dernières années ont été marquées par une solidarité sans précédent dans les sphères politique, religieuse, publique, privée et sociétale mauritanienne. À cet égard, dès mars 2020, le gouvernement a mis en place un fond national de solidarité sociale face à la crise sanitaire, ayant permis l’acquisition de médicaments et d’infrastructures médicales sur l’ensemble du territoire national. Plus récemment, le gouvernement a annoncé qu’il supporterait une grande partie des augmentations des hydrocarbures, dans un contexte d’inflation mondiale, une mesure que peu de pays ont eu le courage de prendre.
Les associations et les ONG ont également brillé et ont multiplié les dons de masques et autres équipements médicaux ces derniers mois. De leur côté, les entreprises nationales et étrangères ont, une nouvelle fois, prouvé leur attachement sans faille à notre pays. Plusieurs d'entre elles ont mis en place, ces derniers mois, des mesures majeures pour assurer la santé et la sécurité de leurs employés. À titre d’exemple, l’entreprise minière Tasiast, pourtant frappée par l’effondrement de l’économie mondiale et un incendie ayant largement perturbé sa production annuelle, a fait le choix valeureux de maintenir à leur poste chacun de ses employés.
Dans ce contexte de solidarité unique, la Mauritanie devrait avoir de beaux jours devant elle. La croissance de la Mauritanie en 2022 devrait ainsi se situer autour de 5%, soit une augmentation de 2 points de pourcentage par rapport à l'année dernière, poussée par son secteur minier et gazier. Ces estimations proviennent des derniers rapports du FMI et de la Banque Mondiale. Par ailleurs, il est important de rappeler que ces pronostics très encourageants demeurent conditionnés par plusieurs facteurs. Certains structurels sur lesquels nous n’avons pas d’emprise. D’autres qui sont humains. Mettre en danger nos productions phares comme la pêche, l’or ou le gaz en fait partie. Il est donc nécessaire de poursuivre nos efforts et de continuer à travailler, coûte que coûte, pour le bien de notre pays.
Des initiatives individualistes contre-productives
Le début de l’année 2022 a été marqué par des vagues grévistes, comme celle de grande ampleur des enseignants fin février. Nouveau coup dur pour l’économie du pays, quand, dans la soirée du 12 mai, une poignée d’employés de Tasiast ont déposé un préavis de grève illimitée. Légale, sur le plan judiciaire, elle demeure discutable sur le plan moral.
Chacun de nous a une responsabilité collective. Le pays et son économie ne reposent pas uniquement sur des vagues lois promulguées à l’Assemblée nationale ou sur une décision d’une entreprise d’investir un tel montant dans un tel endroit. Pour se relever, notre nation a besoin de l’investissement de chacun de ses citoyens, comme l’a récemment rappelé le Président Ghazouani. Au début de la pandémie, les plus grands hommes et femmes à travers le monde ont appelé à l’esprit de solidarité, de sacrifice collectif, et d’entraide. Cet élan collaboratif a-t-il déjà périclité ? Pourquoi doit-on courber l’échine devant la réémergence d’initiatives égoïstes, profondément néfastes à notre économie ? Ne faudrait-il pas plus tôt poursuivre nos efforts de collaboration, de concentration, et d’assiduité ?
Je m’adresse, ici, à l’ensemble des travailleurs mauritaniens. Il est certes primordial de défendre nos droits, mais il est également de notre devoir de participer activement au redressement de notre économie. Pour préserver l’attractivité de notre nation, ses emplois, son développement et notre dynamisme.
Ben Abdalla