Selon une note technique sur les prévisions saisonnières des caractéristiques agrohydro climatiques de l’hivernage 2022 en Mauritanie, « des cumuls pluviométriques normaux à excédentaires (équivalents ou supérieurs à la moyenne des cumuls pour la période de référence 1991- 2020) sont attendus sur l’extrême Sud-est, le centre et le Nord du pays pour la période Juin-Juillet-Août (JJA) 2022 », annonce l’Office National de la Météorologie (ONM). Cette prévision saisonnière 2022 couvre El Hodh Ech-Chargui, El Hodh El Gharbi, l’Assaba, une grande partie du Guidimakha, le Nord-est du Gorgol, le Tagant, le Nord du Brakna et du Trarza, l’Adrar, l’Inchiri, Dakhlet-Nouadhibou et le Tiris-Zemmour.
Des cumuls pluviométriques normaux (équivalents à la moyenne des cumuls pour la période de référence 1991-2020) « pouvant basculer à l’excédent ou le déficit selon l’évolution des conditions thermiques » sont attendus sur la partie Sud-ouest du pays qui couvre une partie du Brakna, du Trarza, la région de Nouakchott, une grande partie du Gorgol et l’extrême Sud-ouest du Guidimakha.
« Pour la période Juillet-Août-Septembre (JAS) 2022 », indique la note technique élaborée par Mohamed Batta Cheikh Mohamed El Mamy, des cumuls pluviométriques supérieurs à la moyenne des cumuls pour la période de référence 1991-2020 sont attendus sur l’extrême Sud-est, le centre et le Nord du pays couvrant El Hodh Ech-Chargui, El Hodh El Gharbi, l’Assaba, le Tagant, le Guidimakha, le Gorgol, le Nord du Brakna et du Trarza, l’Adrar, l’Inchiri, Dakhlet-Nouadhibou et le Tiris-Zemmour. Des cumuls pluviométriques équivalents ou supérieurs à la moyenne des cumuls pour la période de référence 1991- 2020 sont attendus sur le Sud-ouest du pays couvrant le Sud du Brakna ainsi que le centre et le Sud du Trarza ».
Risque d’inondations
Le caractère globalement pluvieux, pour la saison des pluies de 2022 sur la majeure partie du pays, présage, selon l’ONM, des risques élevés d’inondations pouvant entraîner des pertes de récoltes, de biens matériels et en vies animales et humaines dans les localités exposées. Pour y faire face, il est recommandé de : renforcer la communication des prévisions saisonnières et de leurs mises à jour, afin d’informer, sensibiliser les communautés sur les risques et établir les conditions de leur mise à l’abri, à travers notamment l’appui de la presse, des plateformes de réduction des risques de catastrophes, des ONG et du SAP au niveau du pays ;renforcer la veille et les capacités d’intervention des agences en charge du suivi des inondations, de la réduction des risques de catastrophes et des aides humanitaires ; éviter l’occupation anarchique des zones inondables par les habitations et les cultures ; renforcer les digues de protection et assurer la maintenance des barrages et des infrastructures routières ; curer les caniveaux pour faciliter l’évacuation des eaux de pluies ; suivre de près les seuils d’alerte dans les sites à haut risque d’inondation ; prévoir des sites d’accueil pour les populations exposées au sinistre ; favoriser la culture des plantes adaptées à la persistance des situations d’excès d’eau dans le sol ».
Face au risque de maladies, l’ONM estime que « les zones humides et celles inondées peuvent être favorables au développement des germes de maladies (choléra, malaria, dengue, bilharziose, etc.). Les séquences sèches moyennes à longues attendues, notamment dans certaines zones, pourraient aussi occasionner une persistance de hautes températures et des vents de poussières favorables à la prolifération d’autres germes de maladies épidémiques. A cet effet, il est recommandé de :sensibiliser et diffuser des informations d’alerte sur les maladies à germes climato- sensibles, en collaboration avec les services de météorologie et de santé ; renforcer les capacités des systèmes nationaux de santé et des plateformes nationales de réduction de risques de catastrophes ; prévenir les maladies, en vaccinant les populations et les animaux ; appuyer la lutte contre les piqûres de moustiques en facilitant l’accès aux moustiquaires, aux antipaludéens et aux produits de traitement anti-moustiques ; prévenir les épizooties à germes préférant de bonnes conditions humides ; renforcer la vigilance contre les maladies et les ravageurs des cultures (chenille légionnaire et autres insectes nuisibles) ».
Risque de sécheresse
En dépit de caractère globalement humide attendu pour la saison des pluies 2022, il n’est pas exclu d’observer, fait remarquer la note technique de l’ONM, « des séquences sèches relativement longues pouvant entraîner des déficits hydriques notamment dans certaines zones de la bande agrosylvo-pastorale du pays ». Pour atténuer les risques sur la croissance des cultures et des plantes fourragères, il est recommandé de : « choisir les espèces et variétés de cultures tolérantes au déficit hydrique, dans les zones exposées ;adopter des techniques culturales de conservation des sols et de l'eau ;diversifier les pratiques agricoles, à travers la promotion de l’irrigation et du maraîchage pour réduire le risque de baisse de production ;prévenir la prolifération de la chenille mineuse de l’épi du mil ; assurer une gestion rationnelle des ressources en eau de surface pour satisfaire les différents usages ; interagir avec les techniciens de la Météorologie nationale, de l'Agriculture et de l’Hydrologie pour des informations spécifiques et les conduites à tenir.
Recommandations pour mieux tirer profit de la saison des pluies
Au regard du caractère globalement humide attendu de la saison des pluies2022, il est recommandé aux agriculteurs, éleveurs, gestionnaires des ressources en eau, projets, ONG et aux autorités de: « investir davantage dans les cultures à hauts rendements tolérantes vis-à-vis des conditions humides (riz, canne à sucre, tubercules, etc.) ; valoriser les situations d’écoulements moyens à excédentaires, en développant des cultures irriguées notamment dans les plaines inondables des bassins du Sénégal, (tout en veillant sur les risques d’inondation par endroits) ; mettre en place des dispositifs de collecte et de conservation d’eau de ruissellement pour des usages agricoles et domestiques en saison sèche ; soutenir le déploiement de techniques climato-intelligentes d’augmentation des rendements des cultures et des fourrages, face aux risques climatiques, notamment ceux liés aux excès d’eau de pluies et à la sécheresse ; renforcer les dispositifs d’information, d’encadrement et d’assistance agro-hydro- météorologiques des producteurs ;faciliter aux producteurs l’accès à des semences améliorées et des intrants agricoles adaptés à leurs besoins ; sécuriser les revenus et alléger les pertes agricoles à travers la promotion et la souscription à des assurances agricoles indicielles ».
Synthèse KAAW Thierno