Adhésion, accords de coopération, débuts des opérations… Le secteur privé mauritanien est en pleine ébullition ces dernières semaines. Alors que les ministres de l’Economie, de la Pêche et du Commerce se sont respectivement rendus à Washington, Barcelone et Paris où plusieurs accords ont été ratifiés, le plus important projet gazier de l’histoire du pays vient de débuter. Porté par de nouveaux acteurs et encouragé par ses entreprises implantées historiquement, le secteur privé mauritanien pourrait connaître un tournant dans les prochaines semaines.
Le boom du secteur privé
De retour à Nouakchott après une visite officielle à Washington, le Ministre des Affaires Economiques et de la Promotion des secteurs productifs, Ousmane Kane, a annoncé le 27 avril l’adhésion de la Mauritanie au Fonds de Solidarité Africaine (FSA). Ce fonds, composé de 14 pays, devrait servir de garantie de financement au secteur privé auprès des banques nationales et internationales. À terme, cette adhésion pourrait permettre aux entreprises implantées en Mauritanie de sécuriser leurs financements et de bénéficier d’un nouveau dispositif similaire à la Banque Africaine d’Import-Export (AFREXIMBANK). Plusieurs accords de coopération ont également été signés les 26 et 27 avril entre des investisseurs mauritaniens et étrangers, en marge du Seafood Expo Global organisé à Barcelone. Alors que le secteur halieutique représente près de 40% des exportations nationales, ces nouveaux accords devraient largement profiter aux entreprises installées à Nouadhibou, durement affectées par la pandémie mondiale depuis plus de deux ans.
En parallèle, le Ministre du Pétrole, de l’Energie et des Mines, Abdessalam ould Mohamed Saleh, a annoncé le 26 avril le début du forage de quatre puits de production du champ gazier GTA, exploité par les sociétés Kosmos Energy et BP. Ce projet aura la capacité de fournir 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an et devrait permettre à la Mauritanie et au Sénégal de générer près de 80 à 90 milliards de dollars de bénéfices ces 20 prochaines années.
L’essor du secteur privé mauritanien a été rendu possible par l’accession au pouvoir du Président Ghazouani qui cherche à réconcilier le pays avec les investissements étrangers privés. Le terrain a également été déminé par quelques entreprises étrangères implantées depuis plusieurs années et qui ont travaillé à l’amélioration du climat des affaires.
Les solides appuis du secteur privé
Ces nouveaux acteurs économiques bénéficient en effet des nombreux efforts entrepris par certaines entreprises, qui ont joué un rôle prépondérant dans l’amélioration du climat des affaires mauritanien ces dernières années. À titre d’exemple, l’entreprise minière Tasiast a investi plus de 2,2 milliards de dollars dans le pays depuis 2010 tandis que ses contributions directes et indirectes au gouvernement (taxes, royalties, impôts) sont estimées à plus de 600 millions de dollars. Tasiast devrait poursuivre ses investissements et a également annoncé de nombreux projets d’expansion et de modernisation au cours des prochaines années, ce qui pourrait permettre d’attirer de nouveaux opérateurs économiques en Mauritanie.
En parallèle, le gouvernement poursuit l’élaboration d’un cadre réglementaire plus favorable au secteur privé. Malgré trois remaniements ministériels depuis 2019, tous les membres du gouvernement s’attachent à nouer et conserver des liens solides avec les entreprises nationales et étrangères implantées dans le pays. Si davantage de concertation public-privé pourrait accélérer cette dynamique, le secteur privé mauritanien poursuit son essor, poussé par ses fidèles de toujours.
Ben Abdalla