Ould Bellali rend tout petit le ministre des Pêches
Au cours d’une session ordinaire de l’Assemblée nationale à laquelle prenait part le ministre des Pêches, Nani ould Chrougha, le député de Nouadhibou, El Ghassem ould Bellali a fait des révélations qui ont rendu tout petit le ministre et son staff. Selon le député d’El Karama, le secteur connaît une pagaille sans précédent. Pour lui, l’actuel ministre n’est, en fait, qu’un figurant, sur une scène dont il est loin d’être l’acteur principal. C’est, d’après l’honorable député, Cheikh ould Baya qui est, en réalité, le véritable numéro 1 de la pêche en Mauritanie. Selon El Ghassem, celui-là cumule ce « poste » avec celui de conseiller inamovible de Nani et de puissant maire de Zouérate. Un conseiller tout spécial et particulièrement omnipotent, qui aurait tout aussi bien pu s’asseoir, en cette nationale assemblée, derrière, ou plutôt devant, son présumé ministre de tutelle et tous ses autres collaborateurs. Selon Ould Bellali, le président de la République est très mal informé sur les réalités du secteur, à cause des fallacieuses informations que lui transmet le puissant Cheikh ould Baya. Evoquant les dernières déclarations du maire de Zouérate relatives à sa fortune, Ould Bellali déclare que même si, comme le prétend Ould Baya, cet argent est légalement acquis, il est quand bien même dépensé illégalement, via des articles de presse commandés, chèrement, à coup d’achat de voitures luxueuses et de villas cossues, au profit de journalistes enrégimentés, pour effrayer et vilipender certains députés. Toujours selon El Ghassem, l’organisation, à Nouadhibou, d’une journée de concertation sur la pêche démontre, éloquemment, que l’actuel ministre n’est pas le vrai responsable du secteur. « Comment peut-on organiser une telle rencontre », s’indigne-t-il, « sans inviter les députés de la ville ? » Ceux qui ne l’ont pas été n’avaient qu’un tort, avance-t-il : celui de n’être pas « aimés » par le conseiller Cheikh ould Baya. Pour finir, l’honorable député a tout simplement déclaré qu’au moins trois ministres – deux de souveraineté (Intérieur et Défense) en plus de celui des Pêches – ne sont pas les véritables patrons de leurs départements. De puissants hommes, civils et militaires, tapis dans l’ombre, en seraient les véritables responsables.
Lalla mint Hassena : une députée courageuse
Lors d’une session ordinaire pour l’adoption de la loi des finances de 2015, l’honorable députée pour le parti El Karama, Lalla mint Hassena a ravi la vedette par son courage et sa témérité. Avec plus de quatre-vingt députés, la parlementaire a initié un projet d’amendement, demandant l’amélioration des conditions des députés par une augmentation de leurs salaires et de leurs primes de session. Selon Lalla mint Hassena, ces augmentations permettraient, aux honorables représentants du peuple, de faire correctement leur travail. Mais, comme le pouvoir n’était pas favorable à cette mesure, des pressions ont été exercées, pour que les députés signataires se désistent, sur la base d’arguments comme la dépréciation des prix des ressources nationales (fer, pétrole, etc.) ou l’éventualité du lancement de programmes spéciaux, au profit des populations rurales, à cause de la sécheresse. Finalement, l’amendement ne passera pas, refusé par 76 députés contre 22 pour et 3 abstentions. Pour faire bonne mine, des députés de l’Union Pour la République (UPR) ont fait circuler l’information selon laquelle Lalla mint Hassena serait à l’origine d’une motion de censure contre le gouvernement. Dans son intervention, la députée a formellement démenti toutes ces « allégations propagées par des personnes de mauvaise foi ». Selon la députée, « moi, je soutiens le programme du président. Le jour où je ne le soutiendrai plus, je le dirai publiquement, avec mon père et mon groupe. Je suis très aimée du peuple, sinon il ne m’aurait pas reconduit à travers un parti que personne ne connaît ». La députée en est, effectivement, à son deuxième mandat. Le premier passé sous les couleurs de l’UPR e le second sous celui du parti El Karama qu’elle a rejoint lorsque l’UPR l’a placée dixième sur sa liste nationale. Ses sorties au Parlement sont relativement bien suivies.
Festival de Chinguetti : « Visitation »
La cérémonie d’ouverture du cinquième festival des villes anciennes, organisé, pour la seconde fois, à Chinguetti, a constitué une véritable occasion de rééditer les visitations présidentielles des années d’avant la Mauritanie nouvelle. Milliers de gens venus des quatre coins de la Mauritanie. Manifestations… carnavalesques. Sorties folkloriques. Poètes et artistes surchauffés. Exactement comme ce que tout le monde faisait, au temps des années Taya. Le ministère de la Culture a mobilisé ses griots, ses laudateurs, sa presse. Sélectionné ses groupes musicaux. Incontestablement, deux prestations ont ravi la vedette : Celle des Ewlad Leblad et celle d’un groupe de vieux glorificateurs du Prophète. Sur le plan sécuritaire, tout est à revoir. C’était une véritable confusion, au point que le Président a éprouvé grande frayeur, lorsqu’un homme lui a tiré violemment le pan du boubou. Tout pouvait arriver. Les responsables de la sécurité présidentielle étaient totalement dépassés. Mais au fond, à quoi servent ces festivals ? A rien. En tout cas, pas à consolider l’unité nationale. La preuve, toute la communauté africaine de Mauritanie était en dehors de l’événement, puisqu’aucune traduction en langues nationales de ses festivités n’a été faite. Pleurer le passé prétendument glorieux ne reluit, en rien, un présent calamiteux qui présage d’un avenir encore plus cacophonique. Sauf si le dialogue, auquel le Président s’est, une énième fois, déclaré disposé, permettra de sortir le pays du « cou de la bouteille » où il se trouve coincé, depuis quelques années.