Après avoir tancé l’administration, en général, lors d’une cérémonie à l’ENA, et territoriale en particulier, lorsqu’il a reçu les walis en audience, les accusant de faillir à leur mission et de ne pas être assez proche du Citoyen, Ould Ghazwani a tapé dans le mille. Verbalement. On s’attendait donc à ce que la parole soit suivie d’actes. Et l’on n’a été déçu. Moins d’une semaine après cette sortie, le Premier ministre rendait son tablier. Il sera reconduit vingt-quatre heures plus tard avec mission de former un nouveau gouvernement. Le contraire aurait d’ailleurs surpris car il est du plus mauvais effet de changer deux fois de Premier ministre au cours d’un même mandat. Le chambardement annoncé allait-il enfin voir le jour ? Le Président débarrasserait-il enfin son gouvernement de ses lourds poids morts et former une équipe vraiment capable de relever les défis ?
Première grosse surprise : l’arrivée de Yahya ould El Waghf à la Présidence en secrétaire général. Le dernier Premier ministre de Sidioca prend ainsi une revanche sur l’Histoire et sur… Ould Abdel Aziz. Dans la foulée, quatorze ministres sont éjectés. Si le départ de certains constitue une surprise, d’autres font par contre les frais de leur mauvaise gestion et de leurs approximations, pour ne pas dire boulimie. Ould Ghazwani aurait tenu un langage de fermeté à la nouvelle équipe : plus aucun écart dans la gestion des affaires publiques ne sera toléré. Espérons que cet avertissement ne tombe pas, comme ceux qui l’ont précédé, dans des oreilles de sourds. Il faudra, en tout cas, se réveiller très tôt pour démentir la célèbre citation de Saint-Just :« le seul ennemi d’un peuple, c’est son gouvernement ». En Mauritanie, plus qu’ailleurs en tout cas, elle ne s’est jamais démentie. Jusqu’à maintenant. Ce gouvernement sera-t-il l’exception qui confirme la règle ? Chiche !
Ahmed ould Cheikh