Le Président Ghazouani a procédé début avril au troisième remaniement ministériel depuis son arrivée au pouvoir en 2019. Si ce remaniement ne marque pas un tournant majeur dans son mandat, il devrait permettre d’insuffler une nouvelle dynamique politique à un gouvernement et une administration récemment décriés par le Président lui-même. Dans ce contexte, un rôle croissant du secteur privé semble être la clé pour atteindre les nouvelles ambitions fixées par le Président Ghazouani.
La recherche d’un cadre politico-administratif plus rigoureux
Le nouveau porte-parole du gouvernement, Mohamed Melainine Ould Eyih, a fait part des nouvelles attentes du Président Ghazouani lors du Conseil des ministres du 1er avril, quelques jours après le très attendu remaniement ministériel. À cet égard, le Président a appelé à plus d’efficacité dans la mise en œuvre des projets gouvernementaux, de proximité avec les citoyens ainsi qu’à plus de concertation dans la sphère politique. Plus largement, le chef d’Etat a exhorté à la mise en place d’un nouveau cadre politico-administratif rigoureux et soigneux dans sa gestion et son fonctionnement.
Ces nouvelles orientations du Président s’inscrivent dans la remise en cause de l'administration, qui a fait l’objet de lourdes critiques fin mars de la part du chef d’Etat, pointant notamment du doigt la perte de confiance des citoyens à l’égard de leurs institutions. Ce nouveau discours intervient également après la récente publication du rapport de la Cour des comptes, révélant d'importants dysfonctionnements dans la gestion des fonds de lutte contre l’épidémie de coronavirus.
Le secteur privé, un relais pour la nouvelle administration mauritanienne
Dans ce contexte, il apparaît nécessaire de faire appel à de nouveaux acteurs et interlocuteurs, trop longtemps mis de côté : les entreprises nationales et étrangères. Ces dernières peuvent jouer un rôle essentiel dans la nouvelle dynamique politique et administrative voulue par le Président Ghazouani, autour du triptyque : efficacité, proximité et concertation. À cet égard, le secteur privé mauritanien et étranger possède les technologies, les équipements, les moyens financiers ainsi que l’expertise pour mener à bien de nombreux projets. Inclure le secteur privé dans la réflexion, la prise de décision et la mise en place de projets innovants pourrait ainsi permettre de gagner en efficacité et en productivité. La coopération entre le ministère de la Transition numérique et le groupe chinois ZTE Corporation pour la mise en place du réseau national de fibre optique fin 2021 avait, par exemple, été une grande réussite. En parallèle, alors que de nombreux concitoyens souffrent des disparités régionales du pays en matière d’accès aux infrastructures hydrauliques ou médicales, plusieurs entreprises sont, depuis de nombreuses années, implantées dans les zones les plus reculées du pays. Certaines d'entre elles ont noué de véritables relations avec les communautés voisines à travers un dialogue constant et la mise en œuvre de programmes sociaux. C’est le cas de la compagnie minière Kinross Tasiast, qui a pris le rôle de relais du gouvernement et appuie l’Etat dans de nombreuses localités de la région de l’Inchiri. A ce titre, Tasiast a mis en place, dès 2014, une clinique mobile qui a permis à des milliers de citoyens d’accéder à une vraie prise en charge médicale. En 2016, Tasiast avait également fourni une étude socio-économique de Chami avant de publier une stratégie de développement local de la ville tandis que la compagnie contribue régulièrement aux initiatives locales des localités de Boulenoire, Akjoujt et Benichab.
Par conséquent, en tant que moteur de la croissance économique, le secteur privé a un véritable rôle à jouer dans la prise de décision sociétale. L’heure est peut-être venue d’abandonner l’approche uniforme et figée de tractations bureaucratiques et d’inclure l’ensemble de ces femmes et ces hommes aux idées multiples et innovantes.
Ben Abdalla