Ould Ghazwani sermonne l’Administration
Après avoir évoqué, lors de son séjour madrilène, la pauvreté criante en Mauritanie, Mohamed ould Cheikh ElGhazwani a tancé l'administration mauritanienne, soulignant les déséquilibres et dysfonctionnements dont elle souffre. Devant la nouvelle promotion d'étudiants de l'École Nationale d’Administration, du Journalisme et de Magistrature (ENAJM), le président de la République a fait mention, jeudi dernier lors de la cérémonie de sortie de celle-ci, des tares dont souffre notre administration. Et de citer pour preuve le fait que la présidence de la République reçoive de façon quotidienne, sinon hebdomadaire, des rapports sur les plaintes et problèmes des citoyens. Et de passer en revue quelques exemples des manquements qui caractérisent les services des établissements publics : la plupart ne mettent pas en place les mécanismes qu'il faut pour la réception et l'orientation du citoyen ;
« Ce type de lacunes n'est plus tolérable ! », a-t-il martelé. « Ces déséquilibres sont notés au niveau de l'administration centrale, en particulier des départements de l'Urbanisme, de l’eau, de l’électricité, des impôts, de la santé, du registre social et de l'administration territoriale, dont le contact avec le citoyen est très déficient, entraînant un manque de confiance entre le citoyen et ces administrations ». Les services « assurés » par ces départements sont très en-deçà des attentes des gens qui souffrent des coupures brutales et régulières de l'eau et de l'électricité. S'agissant de l'urbanisme, il cite le problème de la double attribution de parcelles de terrain. Ces déséquilibres se manifestent également dans l’arbitraire des factures d’impôts et dans les centres d'état-civil où les citoyens font quotidiennement la queue pour obtenir à un extrait ou une inscription.
Par ailleurs, le président de la République s'est interrogé sur l'intérêt de la numérisation si elle n'assure, n’accélère ni ne facilite le service public. « Le moment est désormais venu », dit-il,« de mettre en place une administration moderne et efficace pour un service public de proximité au service du citoyen ». La dégradation du service public s’est en effet fortement accentuée ces dernières années. Face à une administration sclérosée, les citoyens désabusés sont pris en tenailles et ploie sous les factures d’eau et d'électricité. Il aura donc fallu la montée au créneau du chef de l’État pour que les administrations une à une engagent, via communiqués, leurs services à se mettre à l’écoute des citoyens et à leur accorder de temps de répit.
Pour faire passer son message, Mohamed ould Cheikh El Ghazwani, s’est réuni, jeudi après-midi au Palais présidentiel, avec les walis, premiers responsables de l’administration territoriale. « Vous devez », leur a-t-il rappelé en substance, « constamment et de très près surveiller les conditions d’existence des citoyens, c’est le pré requis incontournable au rapprochement de l’administration du citoyen ». Il a ajouté qu’en région, la priorité des priorités doit être réservée à la recherche de réponses concrètes aux problèmes auxquels les citoyens sont confrontés. Et de conclure en invitant le Premier ministre à tenir des réunions régulières entre les walis et les différents ministères pour resserrer la coordination et établir un mécanisme assurant une communication permanente.
Mystérieuse disparition de neuf cent soixante-et-une voitures appartenant à l’État
« Neuf cent soixante-et-une voitures de différentes marques, appartenant à l’État ont disparu entre 2015 et 2020 », a révélé un communiqué du ministère des Finances. C’est durant un inventaire complet des biens mobiliers et immobiliers, au début de l’année dernière, initié dans le cadre de la politique de contrôle des biens de l’État que le « pot-aux-roses » a été découvert. Un inventaire sans doute non exhaustif puisque l’inspection se poursuit encore.
Les premiers résultats font ressortir quelques indications : cinq cent cinq véhicules ont disparu sans laisser de traces, soixante autres munis d’ordres de missions après leur sortie du garage administratif, trois cent quatre ont été octroyées illégalement, quatre-vingt-douze offerts avec des immatriculations ordinaires à des « non-ayant-droit »… Selon le communiqué du ministère, « ces premières inspections n’ont pas touché tous les départements ou établissements concernés par l’inventaire ». Le département des finances promet de récupérer la flotte disparue.