L’ activiste Assa Diagana: «Si des mesures draconiennes ne sont pas prises pour contenir les prix, nous allons vers un Ramadan particulièrement difficile, pour ne pas dire désastreux.»

28 March, 2022 - 00:43

L’activiste Assa Diagana, secrétaire générale de l’Ong, « Femmes et Résilience », membre du Mouvement "Femmes leaders justice égalité", une plateforme d’organisations de défense des droits humains, attire l’attention des autorités du pays, sur les conditions particulièrement difficiles que vivent les ménages mauritaniens, particulièrement les démunis. Les autorités doivent, à quelques jours du début du mois béni du ramadan, avoir une pensée pour les citoyens qui ont oublié comment joindre les deux bouts, comme on dit. « Si des mesures draconiennes ne sont pas prises pour contenir les prix, nous allons vers un Ramadan particulièrement difficile, pour ne pas dire désastreux. » En effet, malgré les déclarations de bonne intention des autorités, les mesures annoncées depuis le début de la COVID n’ont pas réussi à endiguer la pandémie de la spéculation sur les produits de première nécessité, déplore Assa Diagana qui redoute l’emballement habituel des prix à l’occasion de chaque Ramadan. « J’ai le sentiment que nos commerçants, rompus à la spéculation oublient que c’est un mois de piété, de solidarité, de partage et de bienfaisance », regrette Assa. C’est le devoir des autorités de protéger les citoyens contre les spéculateurs et aux nantis d’aider les pauvres, rappelle-t-elle. L’activiste renseigne, au passage, que le prix de la baguette de pain a accusé ce dimanche 27mars, une augmentation de 10 Um à Kaédi, passant ainsi de 50 à 60 Um. Un mauvais signal pour elle dans la mesure où prétextant la guerre d’Ukraine, les importateurs de blé mauritaniens vont, à leur guise faire valser le prix du blé et de la farine, ce qui ne manquera pas d’influer sur les autres denrées. Nos organes de régulation ont toujours brillé par leur absence et leur laxisme alors les ménages peinent à survivre, et les femmes en premier.
Réagissant à la déclaration du président de la République sur la situation de pauvreté de la Mauritanie, l’activiste souligne que c’est l’occasion pour lui de changer cette situation de notre pays qui regorge d’immenses potentialités dans tous les domaines, d’éradiquer la corruption galopante ; elle note un paradoxe entre les conditions de vie très difficiles des mauritaniens d’en bas et le luxe exhibé par ceux d’en haut, le vol de plus de près d’un millier de voitures de l’Etat, la mauvaise gestion du fonds Covid révélées récemment par les institutions de contrôle et la lutte affichée contre la gabegie. « Nous attendons une réaction ferme du président de la République face à ces gros préjudices aussi bien pour l’Etat que pour les citoyens du pays, il faut sévir contre les auteurs de tels égarements », a souhaité notre activiste qui se dit convaincue qu’en Mauritanie, on ne démissionne, comme l’a demandé le président de la République, mais on se fait virer, c’est tout.