Dans une conférence de presse qu’elles ont tenue le jeudi 24 mars 22 à la Socogim PS, les associations pour la promotion des langues Pulaar, Soninké et Ouolof expriment leur préoccupation par rapport à la loi d’orientation consécutive à des journées de concertations nationales, elles ont marqué leur désaccord avec le libellé de plusieurs titres, chapitres et articles de celle-ci.
En effet, après avoir pris connaissance de son contenu, les représentants de ces associations considérèrent même qu’elle signe un net recul, voire même une contraction avec les recommandations des journées de concertations sur le système éducatif mauritanien. En effet, ces organisations qui se battent depuis des années pour l’officialisation et l’introduction des langues nationales Pulaar, Soninké et Ouolof dans le système éducatif mauritanien relèvent beaucoup d’anomalies dans ce projet expliqué, il y a quelques semaines aux partenaires techniques et financiers par le ministre. Ainsi au niveau des finalités liées à l’instruction, les associations estiment que la diversité culturelle et linguistique du pays n’est pas respectée, l’équité des langues nationales est foulée au pied par des formulations pernicieuses. Comme au tire II et tire III et V. Dans ce dernier, on peut lire au chapitre 2 – « Des langues, il est écrit: « instaure une nouvelle politique linguistique nationale instituant l’enseignement du Pulaar, du Soninké et du Wolof, en tant que langues nationales renforçant l’enseignement de l’arabe en tant que langue nationale et officielle ». Or, selon le rapport général, « toutes nos langues nationales s’équivalent au regard de notre devise nationale : honneur, fraternité, justice ».
Autre contradiction relevée, la section I du tire V : de l’enseignement des langues nationales », stipule que « l’enseignement est dispensé en langue arabe à tous les niveaux d’éducation aussi bien dans les établissements publics que privés d’éducation et d’enseignement » et que « l’enseignement des autres langues nationales, (Pulaar, Soninké et Ouolof) est introduit, promu et développé dans le système éducatif en fonction de la demande exprimée pour chacune de ces langues, le cas échéant ». Les représentants des associations culturelles nationales ont observé que l’arabe a la primauté même au niveau de l’enseignement des adultes et du préscolaire ; une chose inadmissible dans la mesure où cela consacre la supériorité de cette langue sur les autres, faisant fit de l’importance pour l’enfant de commencer l’enseignement par sa langue maternelle et oubliant -à dessein peut-être - que pour consolider l’unité nationale, tous les enfants mauritaniens doivent apprendre au moins une autre langue nationale en plus de leur langue maternelle. Les journées de concertations ne devraient-elles éveiller nos décideurs ?
Face à une loi qui apparait comme discriminatoire, les associations ont rapidement saisi le ministre de l’éducation pour attirer son attention sur les contractions flagrantes contenues dans la loi d’orientation et leurs conséquences fâcheuses sur l’avenir des langues nationales Pulaar, Soninké et Ouolof et sur l’unité nationale. Elles ont formulé plusieurs amendements à introduire dans la loi d’orientation pour redresser les insuffisances qu’elle porte. Pourtant beaucoup de spécialistes avaient exprimé leur scepticisme à la lecture des recommandations des journées de concertations. Le président des Forces Progressistes du Changement (FPC), M. Samba Thiam avait trop tôt exprimé ses craintes. « Les journées de concertations se sont déroulées dans un flou complet et leurs recommandations sont loin d’être consensuelles », avait-il dit. Parole d’un inspecteur de l’enseignement. L’école Républicaine, un des engagements du président de la République passera-t-elle par perte et profit pour ces 3 autres « langues nationales ».