Sur le chemin de l’école républicaine – ambition du président Ghazwani – le gouvernement est toujours à la recherche d’une bonne combinaison, deux ans après l’élection de l’État. La tâche n’est pas facile, le chantier peine à prendre. Au point, d’ailleurs, que sa cheffe Nebgouha mint Mohamed Vall, ex-ministre de l’Éducation nationale, en soit venue à jeter l’éponge. Tout le monde était pourtant unanime à dire que cette dame pouvait bien apporter une thérapie de choc à ce département malade depuis des années. Les Mauritaniens – particulièrement le corps enseignant – se souviennent de son passage à la tête de ce ministère. Elle avait secoué le mammouth en tentant d’améliorer l’image et les conditions de vie des enseignants. Les mesures qu’elle avait prises en ce sens avaient fait gité toute la République parce qu’elle avait osé toucher les intouchables, les protégés des kakis, des ministres, des élus... Un vrai crime de lèse-majesté. Devant l’ampleur du tollé, elle fut débarquée au moment même où le département commençait à retrouver les couleurs. On connaît la suite. Une succession de ministres dont certains n’ont « pas mis long », comme dit l’humoriste camerounais Jean Miché Kankan.
En dépit de la volonté du Président de réformer l’éducation et d’instituer une école vraiment républicaine, on n’a pas vu grand-chose se mettre en place. Beaucoup plus de palabres que d’actes concrets. Séminaires et ateliers, grève des enseignants et assises de la réforme ont ainsi ponctué les deux dernières années. Est-ce cette espèce d’immobilisme ou de surplace, sinon pilotage à vue, qui a poussé Mint Mohamed Vall à quitter le navire ? Selon des informations relayées par la presse, elle se plaindrait de ne pas pouvoir s’acquitter de sa mission : manque, au dessus d’elle, de volonté politique à passer aux actes ? Toujours est-il qu’entre les intentions du président de la République et les pesanteurs de ce département miné que feu Habib Mahfoudh, fondateur du Calame, proposait de raser, suite au fameux « Scandale du bac », il y a un désert à franchir. À pied...
Le départ de la présidente de la CNE vient ternit l’image du projet présidentiel, prouvant combien mener à bon port cet ambitieux programme n’est pas aisé. La commission traîne une tare congénitale depuis sa fondation. Sa composition avait suscité une vive désapprobation de la famille scolaire. Des gens en rupture de ban, complètement déconnectés, depuis des décennies, de l’école actuelle, avaient été cooptés comme pour faire du remplissage ou du « dosage ». Il s’en est suivi des assises de l’Éducation rassemblant un conglomérat hétéroclite de gens et d’institutions, avec, à l’arrivée, des recommandations jugées peu ou prou consensuelles et une loi d’orientation expliquées sans grande conviction aux partenaires techniques et financiers. « Tout est flou », dénonçait Samba Thiam, le président des FPC et inspecteur de l’Éducation. Nebgouha ne pouvait plus continuer à avaler des couleuvres et à juste servir de faire valoir. D’où son départ.
Après ce camouflet pour l’école républicaine, la question qu’on se pose aujourd’hui est de savoir ce que le nouveau président de la CNE pourrait faire de mieux.