En 1981, les militaires au pouvoir avaient, par décret présidentiel, annoncé aux citoyens noirs victimes de l`esclavage et de la féodalité, que cette barbarie était officiellement abolie en Mauritanie. Mais aucune loi pénale ne fut, à la surprise générale, promulguée pour respecter ce décret et son application. C`était juste de la poudre aux yeux devant la noble lutte menée par le mouvement abolitionniste ElHor.
La bourgeoisie esclavagiste beïdane poursuivit ses crimes esclavagistes sur les pauvres Harratines. De leur côté, les féodaux de la bourgeoisie noire mauritanienne entretinrent leurs esclavages-sur les autres composantes noires Kwars de la Mauritanie, en complicité bien sûr avec l`État. Comment donc lutter contre l`esclavage et la féodalité, quand les responsables des institutions fondamentales de la République – de l`Exécutif au Législatif, en passant par le Judiciaire – passent leur temps à nier l’existence de ce fléau dans notre société et pays ?
Suite à la promesse de campagne du défunt président Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi, premier Président civil élu démocratiquement, on voit le Parlement mauritanien voter, le 3 Septembre 2007, la loi n° 2007-048 portant incrimination de l'esclavage et des pratiques esclavagistes. Elle prévoit une peine de cinq à dix ans d’emprisonnement pour les détenteurs d’esclaves. Cette même loi punit aussi les fonctionnaires et juges ne portant pas assistance aux esclaves ainsi que toute complicité d’esclavage et son apologie.
Opposés à cette bonne volonté patriotique du défunt président civil Sidioca de mettre fin à l`esclavage, au génocide impuni, à l`exclusion et de construire l`unité nationale dans la diversité de toutes les composantes du peuple mauritanien, des militaires vont mettre fin à cette belle initiative démocratique, de justice et de réconciliation nationale.Putschistes ennemis de l`unité nationale et de notre diversité, ces soldats étaient dirigés par les généraux Mohamed ould Abdel Aziz, aujourd’hui ex-Président, et l`actuel président Mohamed ould Ghazwani. Pour rester intouchables, les esclavagistes beïdanes et les féodaux noirs furent les premiers à soutenir le putsch de 2008….
12 Août 2015 : voilà encore les mêmes généraux à faire voter par le Parlement proposant une nouvelle loi no 052/15 qui qualifie l’esclavage de crime contre l’Humanité et propose des peines variant de dix à vingt ans de réclusion. Et d’autoriser, de surcroît, la fondation de juridictions spécialisées pour juger les esclavagistes, les féodaux et leurs complices. Elle stipule également un dédommagement des victimes de l`esclavage, accorde aux ONG reconnue en Mauritanie le droit de dénoncer les cas de celui-ci, d’assister les victimes devant les tribunaux et de se constituer en partie civile.
Posons-nous deux questions. Les généraux-militaires qui gouvernent la Mauritanie ont-ils réellement la bonne volonté juridique, pénale et politique de mettre fin à l`esclavage et à la féodalité ? Sommes-nous réellement ce peuple mauritanien qui consomme toutes les comédies et tromperies des généraux-militaires ? Car toutes ces lois législatives votées par les généraux-militaires incriminant l`esclavage, la féodalité et affirmant que ce sont des crimes contre l`Humanité ne sont que de la manipulation, de la poudre aux yeux pour tromper la Communauté internationale.
Tant que le président de la République, les parlementaires, les magistrats, les responsables de la police, de la gendarmerie, de l`armée, les gouverneurs, les préfets, etc., refuseront d`appliquer ces lois et les peines requises qui font réellement de l`esclavage un crime contre l`Humanité, les esclavagistes et les féodaux ne seront jamais vaincus. Toutes ces conférences, débats télévisés, radiophoniques, colloques, séminaires, invités des ONG G5 Sahel, Abolition Institute et tutti quanti, ce n`est juste que de la comédie et du cinéma co-organisé par les esclavagistes et les féodaux pour que les lois contre les pratiques esclavagistes et féodales restent dans les tiroirs de l`impunité.
Si le général putschiste Ghazwani n`avait pas cette mauvaise volonté de suivre la philosophie de ces prédécesseurs, il prendrait l`exemple patriotique du défunt président Sidioca pour mettre fin aux crimes contre l`humanité qui poussent comme des champignons en Mauritanie : esclavage, déportations, exactions extrajudiciaires, accaparement des terres, tortures, etc.
Un président patriotique portant la Nation mauritanienne en son cœur ne va jamais chercher à rehausser l`image et la crédibilité du pays en s’appuyant sur le mensonge, la manipulation, le faux et l’usage de faux. Ou en utilisant des lahlahas, des vendus, des slalikhs, des traitres, des racistes, des féodaux, des esclavagistes, etc. qui ont, eux, la Mauritanie dans leurs poches et non dans leur cœur. Seule l`application de la Constitution, de nos lois juridiques et pénales pourront faire avancer notre Nation. Établir un climat de patriotisme, d`unité nationale et de fraternité entre toutes ses diversités.
SY Abdoulaye
Président de l`ONG Voix Mauritanienne pour les Droits de L`Homme et l’Égalité
Dallas, Texas, USA