J’essayerai de donner une voix, à travers cette chronique, chaque fois que l’inspiration me portera quelque part, à un personnage, dont l’identité, même si fictive, rappellera, tout de même, des personnalités bien réelles. Bien de chez nous. Je tenterai, tantôt, de déplacer ces personnages, tantôt, de les fixer, dans des vies et des villes. Des vies et des villes, dont l’aspect réel pourrait bien, au gré d’une association combinatoire imaginée, prendre une tournure, où la réalité se confondrait au fantasmé.
C’est la ville de Nouakchott qui attire le plus mes personnages. C’est tout de même la capitale de notre pays ; notre pays à nous tous et aux personnages et à moi. C’est là où tout se décide. Où tout commence, où tout recommence. Elle fut créée un jour lointain, par un gaulois, sur un littoral, que se disputaient marécages, sables mouvants, coquillages, salinités et vents, pour abriter la future capitale de ce pays naissant qu’est la Mauritanie. Petit à petit, les marécages, sables mouvants, coquillages, salinités et vents, si, pourtant, bien ancrés dans la géographie, vont finir par s’accommoder de l’instinct coutumier du nouvel occupant : Le nomade.
Nouakchott gardera, par la suite, contre indépendance et modernité, une texture identitaire fortement empreinte de l’instinct nomade. Au fur et à mesure qu’elle grandissait, croissaient, en elle, et avec elle, à la fois deux caractères, celui du nomade et celui du sédentaire. Elle devait donc concilier deux modes de vie. Saurait-elle y parvenir, un jour ? Que garderait-elle de son âme ? Et ces peuplades, qui m’intéressent dans cette chronique, que resterait-il de la leur ; de leurs âmes, entendons-le. Serait-ce une lutte, ce qui adviendra après. Après, je veux dire par la suite. Par la suite, je veux dire à travers cette chronique, où tout sera permis, tout sera dit. Et de tous les temps, aussi bien mauritaniens que nouakchottois. Comment toutes ces identités vont-elles communiquer, s’entendre, pour vivre ou mourir de leur bonne ou triste mort, c’est selon ?
La semaine prochaine, ici même, dans les colonnes de votre journal Le Calame, je vous en dirai un peu plus. Pas trop juste un commencement de commencement. Ça sera un Je. Allez savoir de quel Je sera-t-il ? J’avoue, que je n’en sais pas grand-chose. Quelques personnages émergent dans ma petite cervelle ; d’autres se cachent déjà, ils tentent de m’esquiver. Tous sont encore dans un état brumeux, sans nom possible. Je n’en aperçois, quand j’aperçois, en cet instant zéro de l’écriture, qu’une déferlante de Je aussi qu’imprécis qu’évanescents. Demain, le demain du Calame, bien sûr, c’est-à-dire, la semaine prochaine, j’en saurai davantage. Vous en saurez davantage. Je vous dirai Je. Pas moi, évidement, ça sera le Je, qui vous le dira : Je…
Mint Beyane