Le colloque sous-régional sur l’esclavage a été officiellement lancé, mercredi 16 mars, à Nouakchott. Placé sous le haut patronage du Président de la République, ce forum se tient sous le thème : " Faisons de la lutte contre l'esclavage un combat commun et consensuel entre la société civile et les gouvernements des pays du Sahel’’. Ce colloque est initié par IRA Mauritanie, en collaboration avec le commissariat aux Droits de l’Homme, à l’Action humanitaire et aux Relations avec la Société civile, le Réseau G5 Sahel Contre l'Esclavage et le BIT. Il vise principalement à ‘’amener les gouvernements des pays du G5 Sahel à s’engager pleinement, à travers la mise en place d’une stratégie coordonnée et concertée, visant l’éradication complète de l’esclavage et pratiques analogues et leurs séquelles’’.
Biram Dah Abeïd a mis à profit l’ouverture de ce colloque pour rendre un hommage appuyé aux militants de IRA Mauritanie pour ‘’leur abnégation’’ et leur ‘’esprit de sacrifice, durant les pénibles années’’. Au passage, il a magnifié la promptitude du barreau mauritanien pour avoir défendu durant la décennie écoulée les détenus d’opinion. Même s’il a évoqué certaines avancées, Biram a appelé l’effectivité de la loi sur les femmes et les filles. Espérant un apaisement des cœurs et des esprits, il a exprimé ses vœux de voir les autorités trouver un mécanisme pour venir à bout du passif humanitaire. Révélant la sincère volonté exprimée par Ould Ghazouani de trouver une issue heureuse au passif humanitaire, le président de IRA Mauritanie espère que le gouvernement et les victimes elles-mêmes puissent à travers des échanges, trouver une meilleure formule. Refusant d’être un intermédiaire dans ce dossier, Biram a demandé au gouvernement de s’adresser directement aux victimes ou leurs ayant droits en excluant les hommes politiques, loin d’être indiqués pour solder le passif humanitaire qui empoisonne notre société. "La tenue de ce forum, une première dans le pays, constituera le début d'une nouvelle ère de coopération avec le gouvernement pour enrayer l'esclavage", a avancé Biram Dah Abeid.
Enfin, le député a fait remarquer que '’ce colloque marque le début de changement socio-politique dans la sous-région visant l’élimination de l’ancrage et des pratiques esclavagistes ainsi que la promotion des droits de l’homme notamment ceux des femmes afin de consolider la paix et la solidarité entre toutes les communautés sociales.’’
Quant au commissaire aux Droits de l’Homme et à l’Action humanitaire, M. Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi, il a indiqué que ‘’l’organisation de ce forum en Mauritanie, constitue une preuve éclatante de la volonté politique sincère des hautes autorités du pays et de leur détermination à privilégier la concertation, le dialogue ainsi que le refus de toute exclusion’’, soulignant que la lutte contre l’esclavage et ses séquelles constitue un priorité constante et irréversible pour le gouvernement. Proclamant que la lutte contre l'esclavage en Mauritanie "est une priorité constante et irréversible" des autorités, Cheikh Ahmedou Ould Sidi a assuré que ‘’la main du gouvernement est tendue à tous les forums et tribunes, dans la légalité et le rejet de l'extrémisme afin d'éliminer, dans les plus brefs délais, l'esclavage et ses séquelles".
A son tour, le représentant du haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, M. Laurent Meillan, a dit que l’organisation de cet évènement marque une volonté de changement de la part du gouvernement mauritanien dans sa manière d’aborder la lutte contre l’esclavage. Il a annoncé la visite du 4 au 13 mai prochain en Mauritanie du Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
De son côté, le secrétaire exécutif du réseau G5 Sahel de lutte contre l’esclavage, M. Ali Bouzou, s’est félicité de l’engagement du gouvernement mauritanien dans la lutte qu’il mène pour l’abolition de l’esclavage. Un engagement qui s’est traduit, dit-il, à travers son implication dans l’organisation du présent forum sous-régional sur l’esclavage, mais aussi à travers les mesures prises dans ce cadre, dont la reconnaissance de IRA, structure censurée depuis une dizaine d’années, en tant qu’organisation qui peut librement et légalement exercer ses activités.
Il a ajouté que l’espace Sahel est devenu, depuis plus d’une décennie, une cible privilégiée des terroristes, dont les causes ne sont pas dues seulement à la pauvreté, à l’ignorance ou au banditisme, mais également aux inégalités sociales en particulier celles relevant de l’esclavage.
M. Ali Bouzou a précisé que le combat contre ce phénomène doit être un travail commun entre les gouvernements des pays du Sahel et les sociétés civiles pour venir à bout de ces pratiques honteuses.
Prennent part à ce colloque des représentants des ONGS actives dans la lutte contre l’esclavage outre de Mauritanie, du Niger, du Burkina Faso, du Mali, du Sénégal, de la Guinée, en plus d’autres invités venus des USA, d’Italie, d’Allemagne, de Belgique de France et du Ghana .
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?