Crise alimentaire à la mi-2022 ?
Citant les résultats du « Cadre harmonisé », madame Kinday Samba, représentante du Programme Alimentaire Mondial (PAM) auprès du coordinateur-résident du Système des Nations Unies en Mauritanie, a estimé que « plus de 660.000 personnes auront à affronter une crise alimentaire à la mi-2022, soit une hausse de 37 % par rapport à 2021. Trente-trois moughataas devraient être particulièrement touchées ». Madame Kinday s’exprimait lors des travaux d'un atelier sur la restitution de l’état des lieux du mécanisme national de la gestion des crises et de l’action humanitaire, organisé par le commissariat aux Droits de l’Homme à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, avec la collaboration du Système des Nations Unies en Mauritanie. L’atelier permet de faire l’état des lieux et de promouvoir un consensus sur les recommandations- clés. Appuyé sur l’approche Nexus, il définit certaines informations importantes.
« Toutes ces indications », relevait la représentante du PAM, « mettent en exergue la nécessité de s’organiser de manière optimale pour des réponses humanitaires plus efficaces et efficientes ». Elle avait auparavant indiqué que la pluviométrie de la campagne 2021 avait été défavorable au développement normal des cultures, causant une carence généralisée de pâturages. Et de souligner : « le déficit pluviométrique a hypothéqué la culture sous pluie, tandis que d’autres facteurs amplifiaient l’impact de la sécheresse : principalement les conséquences socio-économiques de la crise COVID-19 et l’inflation des prix des denrées alimentaires de base ».
Dans son discours d'ouverture des travaux, le commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, monsieur Cheikh Ahmedou ould Ahmed Salem ould Sidi indiquait pour sa part que l’action sociale devient de plus en plus difficile compte-tenu des besoins qui dépassent de loin l'offre internationale. « Pour faire face aux risques dus aux catastrophes de plus en plus nombreuses », relevait-il, « il est important d’améliorer l’efficacité des responsables nationaux dans la gestion de ces situations. Il faut mettre en place une réglementation, des stratégies et des politiques complémentaires ». Et de préciser à cet égard : « Les différents secteurs impliqués ont manifesté leur adhésion à l’idée de fixer un cadre national renforcé permettant la gestion des chevauchements de manière plus efficace. […] Tous les acteurs de l’action sociale, départements ministériels et ONG, ont un rôle important à jouer dans la mise en place d’une vision stratégique assurant une coordination globale et pérenne ».
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La Mauritanie sécurise son stock de blé
Pour parer à toute éventualité de rupture d’approvisionnement suite à la guerre en Ukraine, la Mauritanie vient d’importer 25.000 tonnes de blé pour le compte des programmes sociaux. La réception de cette cargaison par la Commissaire à la sécurité alimentaire intervient quelques jours après un renchérissement des prix du blé dans plusieurs commerces de Nouakchott. Interpellé sur cette hausse, le porte-parole du gouvernement avait déclaré qu’elle était attendue, « conséquence du conflit Ukraine-Russie. […] ces deux pays produisent 23% du blé consommé dans le Monde. […] Afin de s’adapter à cette réalité, le gouvernement a pris une série de mesures, dont la mise en place d’un comité de suivi. […] Sur le marché local, les prix sont maintenus aux tarifs d’avant la guerre, les stocks ayant été importés avant celle-ci.
Mais certains commerçants ont augmenté les prix, en violation des lois et règlements en vigueur. Aussi le ministère du Commerce, de l’industrie, de l’artisanat et du tourisme a-t-il fait fermer, le mardi 2 Mars, sept commerces à Nouakchott pour une hausse injustifiée du prix du blé. Ils ont également fait l’objet d’amendes. […] Le ministère entend ainsi accentuer », explique Mokhtar ould Dahi, « le contrôle sur ceux qui seraient tentés de choisir la même voie et éviter qu’ils exportent le blé à l’étranger ». Quant aux importations à venir, le porte-parole a souligné que le ministère du Commerce en évaluera les prix avec les commerçants, tandis que l'État interviendra pour que les groupes vulnérables n’en soient pas touchés ».
Le blé est à un prix record sur le marché européen. Le blocage des ports ukrainiens — alors que Kiev est le cinquième exportateur mondial de blé (soit environ 12 %) — et le report des opérateurs sur cette céréale, en réaction à la flambée du maïs, expliquent notamment ce nouveau pichistorique.