Les femmes leaders de diverses organisations de la société civile ont battu le macadam puis tenu, ce mardi 8 mars, journée internationale de la femme, un sit-in à la place de la liberté, devenue paradoxalement un espace interdit à certaines manifestations pacifiques - des policiers y etaient déployés pour le maintien d'ordre, qui a poussé Balla Toure, président du mouvement Sursaut Democratique Populaire (SPD) a ’interroger: en quoi une manifestation pacifique de quelques femmes aux mains nues peut-elle ébranler le régime?
Cette manifestation fut l’occasion pour ces activistes de faire une évaluation de leurs droits, d’une part, et réclamer plus de « justice et égalité » mais également la réduction des prix des produits de première nécessité. On notait la présence de Mme Camara Salimata Sy, presidente de l'Association mauritanienne pour la promotion de l'education de l'enfant (AMPEF), de Siniya Haidara, présidente de l'association des femmes éducatrices, de Salka Abeidna de la coordination des cooperatives Teyaret…Ana Haidara presidente du FLEJ, Assa Diagana du meme mouvement...
Prenant la parole à cette occasion, plusieurs voix féminines dont celle de Mme Camara Salimata Sy ont décrit la situation des droits de l’homme, caractérisée selon cette activiste par le recul des libertés, l’injustice et les inégalités criantes. « Nous sommes contre cette état de fait et réclamons l’inclusivité et le droit à vivre dans un pays avec le minimum de dignité ; droit de manger d’abord, se soigner et éduquer ses enfants, ensuite. »
Poursuivant son propos devant des policiers venus empêcher la tenue de manifestation sur notre place Tahrir, elle a liste différentes revendications des femmes, notamment une loi contre les Mutilations génitales féminines (MGF), la loi sur violence basée sur le genre (VBG), la révision du code du statut personnel, au niveau surtout de l’autorisation parentale obligeant la femme à rester en place contre sa volonté, avec en charge les enfants, du code pénal pour sortir des amalgames qu’on en fait sur les mœurs, les femmes doivent sortir pour subvenir aux besoins de leur famille, une loi protégeant les activistes des droits de l’homme exposés qu’ils sont, tous les jours aux violences et à des risques d’emprisonnement, l’autonomisation effective des femmes parce que l’émancipation de la femme passe par là, il faut de réelles conditions leur permettant de s’insérer dans le tissu économique du pays. « Nous voulons des femmes actrices de développement de leur pays puisque sans indépendance économique, elles continueront toujours à vivre au crochet des hommes. Je rappelle que le thème de cette année c’est l’égalité dans la durabilité, tout un programme pour lequel nous allons nous investir pour que la femme puisse véritablement contribuer au développement de son pays, dans la paix, l’égalité et la justice. », dira-t-elle. Madame Camara se félicite de la révision de la loi de protection de l’enfance pour laquelle nous avions relevé beaucoup de manquements. Aujourd’hui, c’est un acquis dont nous nous félicitons. Tout en saluant les efforts faits dans la construction des établissements scolaires, Salimata Sy a réclamé des cantines scolaires pour nourrir les enfants dont les familles sont dans la majorité des cas très démunies, ceci permet de les garder à l’école.
Répondant à des journalistes, Mme Siniya Haidara a mis l’accent sur « la dégradation très poussée des conditions de vie des populations, l’écrasante majorité des familles peinent à assurer un repas quotidien, les pris ne cessent de s’affoler et la guerre en Ukraine nous inquiète dans la mesure où elle pourrait aggraver la hausse continue des prix que nous vivons depuis bien longtemps, nous exhortons les autorités à se réveiller pour prendre des mesures draconiennes contre les spéculateurs. »
Abondant dans le même sens, Mme Ana Haidara a indiqué qu’avec un panier de la ménagère dont le trou ne cesse de s’agrandir, des salaires maigres, des prix qui ne descendent jamais une fois qu’ils sont montés, comment peut-on satisfaire les besoins de plus en plus croissants des ménages ? C’est un véritable calvaire des femmes cheffes de familles. Nous profitons de ce 8 mars pour alerter les autorité sur la grande précarité dans laquelle vivent la majorité des mauritaniens, il est temps de réagir et de sortir de cet immobilisme ambiant. Enfin Salka Abeidna du reseau des Coopératives de Teyaret a dénoncé leur exclusion de toutes les activités et manifestations du Ministere des affaires sociales, de l'enfant et de la famille (MASEF) depuis trois 8 mars, la precarite dans laquelle se debattent les mauritaniens en général et des familles demunies depuis des années. Elle invite les autorités mauritaniennes à un sursaut de vontarisme.
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?