Dans le cadre des manœuvres en vue de trouver un compris pour le règlement du passif humanitaire, un ex-employé d’un établissement disparu depuis lors dit s’inquiéter d’un nouveau blocage dans le processus de règlement du dossier des fonctionnaires et agents de l'Union des Banques de Développement (UBD) et SOMIS, radiés dans la foulée des évènements de 1989/92. Selon M. Sarr, ancien employé de l’UBD, le directeur du Budget, qui vient de quitter son poste, avait presque fini toutes les procédures (estimation finalisée, procès-verbal rédigé et accepté par les bénéficiaires et le comité de la DGB.) Comme on le voit, il ne restait que la validation du ministre pour procéder au paiement.
Le changement de directeur, intervenu au niveau de la direction générale du Budget et des Comptes (DGBC,) est en passe de bloquer le processus, redoute une victime. En effet, ce délégué chargé des tractations entre le ministère de la Fonction publique et des Finances dénonce l’attitude du nouveau directeur du Budget qui, « après avoir refusé de nous recevoir, nous a renvoyé vers son adjoint, nouvellement arrivé au budget et qui avoue ne rien connaitre du dossier. »
Curieusement, s’étonne le délégué, c’est au moment où nous avions commencé à entrevoir le bout du tunnel, après avoir couru des décennies, remué ciel et terre, fait intervenir la direction des Recours gracieux et des Awghaf, la commission nationale des droits de l’homme, que cette décision du nouveau DBC nous tombe sur la tête. C’est pourtant lui, en tant qu'adjoint qui présidait le comité de négociation avec nous et avec un conseiller de la primature, signale l'ex employé de l'UBD qui fustige des décisions à deux vitesses et selon la tête du client. D’autres dossiers plus coûteux pour l’Etat ont été réglés avec célérité, sous nos yeux, ce qui nous pousse à nous interroger : pourquoi se plait-on à nous faire souffrir tant ? Ne sommes-nous pas des citoyens comme d’autres, s’indigne Sarr.
Après ce coup de gueule pour ne pas dire de désespoir, cette victime qui arpente, depuis plusieurs années les artères de Nouakchott et frappe les portes de l'administration susceptibles de régler le problème des ex-employés, fort de la circulaire du gouvernement mauritanien de 2012, trouve, par ailleurs, anormal que le calcul des réparations et reconstitution de carrière démarre seulement à la date de ladite circulaire au lieu de commencer en 1989, date de la révocation de certains fonctionnaires et agents des établissements publics et privés ((UBD, SOMIS, AIR Mauritanie, SONIMEX, SOMELEC..).
Au nom de ses compagnons d’infortune, Sarr réclame également la révision du taux des pensions considérées comme dérisoire.
« Même si nous sommes disposés à trouver un compris avec les pouvoirs publics afin de clore définitivement le dossier du passif humanitaire, nous estimons que cela doit se faire, non sans un minimum d’équité. Un simple changement de directeur à la tête d’un établissement public doit-il remettre en cause le travail d'un prédécesseur surtout quand on sait que ce nouveau pilotait le dossier en tant qu’adjoint du DBC.
Ces gens ne mesurent-ils pas le calvaire que les victimes vivent depuis plus de 30 ans », s’interroge Sarr.
Enfin, les ex-employés des établissements cités ci-haut réclament une solution aux cas des personnes décédées depuis 1989. Sous prétexte qu'ils ne disposent pas de nouveaux papiers d’état-civil, on cherche à débouter leurs ayants droit qui peinent à faire valoir leurs droits à la retraite ou aux réparations. « Nous estimons que c’est une injustice que de les laisser en marge alors qu’ils disposent d’anciens papiers d’état-civil ou administratifs pouvant justifier leur situation d’anciens employés », selon lui.