On n’y croyait plus. Huit coalitions et partis – Coalition Vivre Ensemble (CVE), Coalition Vivre Ensemble/Vérité et Réconciliation (CVE/VR), Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), Rassemblement National pour la Réforme et le Développement (TAWASSOUL), Union des Forces du Progrès (UFP) et Union Nationale pour l’Alternance Démocratique (UNAD) – se sont enfin décidés à faire front commun autour de constats clairs. « Notre pays connaît une situation difficile », ont-ils publié ensemble le 22 Février, relevant « la cherté de la vie […], la propagation de la pauvreté et le chômage, […] particulièrement chez les jeunes ». Et d’embrayer « sur la généralisation de la corruption, la déliquescence de l'administration, le rétrécissement du champ des libertés et les atteintes à l'unité nationale, du fait de l’exclusion et de la marginalisation subies par certaines composantes nationales »…
Autant de« menaces à la cohésion de notre peuple », s’alarment-ils, tandis que « l'insécurité intérieure et sur nos frontières, […] [ainsi que l’instabilité géopolitique au Sahel et au Maghreb [les] interpellent gravement ». Fermement convaincus que « la conduite d'un dialogue national inclusif, dans le but de parvenir à un large consensus sur les questions nationales fondamentales, serait à même de protéger le pays de […] toutes ces menaces », ils n’ont cessé « d’œuvrer sans relâche pour le lancement de ce processus ». Jugeant aujourd’hui « réunies les conditions acceptables » de ce dialogue, en dépit des « manœuvres dilatoires de certains milieux » visant « à saper cette dynamique », les huit organisations signataires insistent alors sur l’urgence d’engager les débats.
« Il est grand temps […] de redonner espoir aux Mauritaniens et aller de l’avant pour le renforcement de la cohésion nationale, l'enracinement de la démocratie, la réalisation de la justice sociale et la mise en œuvre d’un vaste programme de développement économique et social pour la prospérité du pays ». Faute de ce faire « dans des délais raisonnables », concluent-ils en soulignant cependant leur actuelle disposition à participer à cette dynamique, « nous ne serons plus en mesure d’attendre indéfiniment son hypothétique lancement, maintes fois repoussé pour des considérations incompréhensibles… »
L’avertissement est clair : retenue jusque-là sous le boisseau, notamment en raison de la conjoncture sanitaire, la contestation sociale est en passe de prendre une singulière ampleur. Si le pouvoir ne se décide pas à lancer le dialogue national inclusif, les partis de l’opposition n’auront plus, à l’approche de conséquentes consultations électorales, que l’option de prendre ensemble, haut et fort, le flambeau des revendications populaires. La renaissance du sphinx paraît bel et bien à l’ordre du jour…
Ahmed ould Cheikh