Le tribunal de Rosso a lourdement condamné, mercredi 9 février, à deux ans de prison assorti d’une amende de 20 millions de MRO (aux titres de dédommagements de frais médicaux, réparation du préjudice subi…) quatre personnes natives du village de Ngawlé. Youssouf Fall, Aliou Wade, Mamoudou Seck et Kalidou Seck ont été reconnus coupable ’’d’agression physique, de non assistance à personne en danger’’ à l’encontre de trois villageois de la localité de Amara (Lexeïba 2). Accusés d’être à la solde de l’homme d’affaires qui tente d’exproprier les terres agricoles des exploitants de Ngawlé, les trois paysans haratines qui étaient, selon eux, à la recherche d’un de leurs, avaient été gravement blessés lors d’une bagarre. Pour leur défense, les condamnés avaient réfuté l’accusation invoquant la légitime défense et les intimidations face à des gens manipulés et disposant d'une arme.
Pour essayer de désamorcer la bombe, le député et président de IRA Mauritanie Biram Dah Abeïd s’est rendu, vendredi 11 février, à Amara et Ngawlé, pour entamer une médiation. Les représentants et dirigeants locaux de Amara ont affiché leurs dispositions à de retrouvailles et se disent prêts à faire des concessions. Toutefois, ils ont déploré le fait qu’aucun dignitaire de Ngawlé ne soit venu s’enquérir de l’état des blessés et demandé pardon. Ils se disent ouverts à toute discussion avec leurs voisins et réitéré à Biram, ‘’leur volonté de régler entre eux leurs problèmes’’.
Après sa rencontre avec les notables de Amara, Biram s’est rendu à Ngawlé où il a été snobé par les responsables locaux. Pour n’avoir pas été visité en premier lieu, les dirigeants locaux ont préféré se ‘’barricader » et ‘’bouder’’la rencontre. Néanmoins, le député compte revenir à la charge. Le 4 mars prochain, il projette de retourner à Ngawlé et Amara pour sceller la réconciliation. Ce qui pourrait permettre un retrait de la plainte et un élargissement des détenus.
‘’Je serai en ordre de bataille pour soutenir pleinement les propriétaires agricoles de Ngawlé contre la spoliation de leurs terres », a affirmé Biram Dah Abeïd.
18 activistes des droits humains arrêtés depuis décembre dernier ‘’pour trouble à l’ordre public et participation à un sit-in non autorisé’’, suite à des actions de protestation à Ngawlé contre la tentative d’expropriation, avaient été acquittés.
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?