Devant la flambée sans précédent que connaissent, depuis quelques mois déjà, les prix des produits de première nécessité, rendant la vie du pauvre citoyen de plus en précaire, le ministère du Commerce a publié, la semaine dernière, la liste des prix que doivent « obligatoirement » appliquer les commerçants. S’ils ne veulent pas subir les foudres de la loi. L’initiative est certes louable mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Qu’ils soient importateurs, grossistes ou détaillants, les commerçants ont toujours fait fi de la loi qui ne leur a jamais été appliquée dans toute sa rigueur. On en amende un ou deux, on ferme une ou deux boutiques pendant quelques jours… et le manège reprend. Le problème dans ce pays a toujours été celui du suivi. Les décisions ne durent que le temps… d’une fleur. Au grand bonheur de ces rentiers dont la spéculation est devenue le sport favori. Forts de l’impunité, ils continuent à dicter leur loi.
Habitué à avaler des couleuvres, le citoyen proteste du bout des lèvres. Et, fataliste qu’il est, paie au plus fort… s’il en a les moyens. Mais, me direz-vous, l’État, il fait quoi, dans tout ça ? Contrairement à celui du Sénégal voisin qui a sensiblement diminué les taxes sur les produits alimentaires importés, le nôtre s’est contenté d’ouvrir… quelques boutiques-témoins. Témoins de quoi ? De l’océan des besoins, criants, et de la goutte d’eau qu’elles y apportent ? Sinon de l’inconsistance d’une loi « républicaine » incapable de s’imposer aux forces d’argent ? Serait-ce, tout simplement, tout cruellement, que ce sont celles-ci qui font celle-là ?
Ahmed ould Cheikh