Un chapitre de l’allocution de son Excellence le président de la République consacrant l’ouverture du Festival de Wadane a surpris tous les participants à cette manifestation culturelle : les acteurs directs traditionnels issus de la cinémathèque de l’UPR, nos compatriotes de la contrée et, surtout, tous les opportunistes dont nous connaissons depuis bien longtemps les fringales en petits écrans. Absolument rien de surprenant quant à l’événement lui-même : une petite scène de plus, augurant de plus importantes à venir. Sinon le mot prononcé par le Président pour la première fois, j’oserai dire, en termes tranchants, caustiques et véridiques, fustigeant un volet généralement tu de nos problèmes sociaux que subit en profondeur notre pays : le tribalisme, fraction hautement virulente de l’épidémie ancestrale qui nous caractérise.
Et le président de la République de fouailler, en ce préoccupant combat, les pernicieux et négatifs effets de cette vitrine de notre stratification sociale sur notre développement économique et socio- culturel. Au grand dam et mécontentement des éternels épris de domination par le faux, le voilà à critiquer ouvertement les responsables du sort injuste et malheureux qu’on continue à faire subir à certaines couches de notre société. En l’occurrence et spécialement, ces intelligents hommes et femmes confectionneurs originaux de nos outils quotidiens de survie indispensables en des temps immémoriaux ; ces braves et implacables compatriotes par lesquels nous apprîmes la poésie, le vers, la voix et nous apprennent notre histoire ; cette très forte et plurielle main d’œuvre qui travaille encore nos champs, cultive nos produits du sol, élève et éduque nos enfants, entoure d’amour vrai nos agonisants…
Le Président a osé parler et ce fut l’inattendue interruption d’une patience que nous souhaitons aujourd’hui définitivement prescrite. Mais il reste beaucoup à faire. Car la force du tribalisme réside ailleurs, monsieur le Président. Ailleurs parmi les castes, les tribus, les ethnies blanches et noires, au sommet de leur structuration : en ceux qui ne sauront jamais céder leurs privilèges, avant que le peuple ne les bannisse et écarte de la scène politico-sociale. Ceux qui ne veulent point de l’État de droit ni la juste répartition de nos richesses nationales. Ceux qui ne peuvent s’instruire, s’émanciper, partager et s’enrichir un tant soit peu qu’en oppressant aveuglément les démunis. Les importants et impératifs changements de valeurs, au sens stricto sensu du terme, ne pourront s’opérer, en ce 21ème siècle, que par l’imposition d’une échelle de critères nettement différente de celle que nous empruntons. Celle du savoir, de la compétence, de l’intégrité morale et spirituelle, du sens du devoir et de l’obligation : une prise de recul immédiat que recommande l’esprit de justice.
On voudrait s’enorgueillir, semble-t-il, de cette étape dont la déclaration du président de l’UPR est le premier effet, annonçant le combat que son parti dit vouloir livrer aux corrompus là même où, d’après lui, ceux-là se situeraient. Un labeur d’autant plus dur que l’UPR fut fondé par ces derniers et bâti sur leur legs à tout le moins décennal… « Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu avant de renvoyer les images », ne disait-il pas Jean Cocteau, le poète et ancien membre de l’Académie française ?
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.