Jusqu’à quand les Mauritaniens continueront-ils à boire le calice – pardon, le thé… – jusqu’à la lie ? Cette boisson nationale que nous buvons du berceau au tombeau nous sera-t-elle interdite quand nos décideurs finiront par prendre le taureau par les cornes ? Il y a, en tout cas, de quoi tirer la sonnette d’alarme. Commandée par le Collectif des Cadres Mauritaniens Expatriés (CCME) et réalisée par un laboratoire français de renommée internationale, une étude sur le thé vert utilisé localement ne laisse plus de place au doute. Ingurgitant des quantités astronomiques de thé, comme nous savons si bien le faire en toute occasion, nous nous contaminons tous les jours à petit feu et risquons toutes sortes de maladies. Selon l’étude en question, « vingt-six pesticides ont été détectés au sein des dix échantillons de thé vert analysés. Parmi ces vingt-six molécules, huit sont présentes à des taux qui dépassent la Limite Maximale de Résidu autorisée (LMR), ce qui devrait leur interdire l’accès au marché européen. » Et non mauritanien, apparemment, puisqu’elles y circulent en toute liberté. Négligence et irresponsabilité dans toute leur splendeur... Mais le laboratoire ne s’arrête pas là : trois pesticides (chlorpyrifos, cyhalotrine et tolfenpyrad) sont présents dans dix échantillons sur dix, à des taux compris entre 200 et 11.000 % (!!!) de la LMR. De quoi devenir fou dans tous les sens du terme. Et, tandis qu’on ne se salue plus que du poing, Omicron exige, c’est à domicile et au bureau que se mijotent, à petit feu, disais-je, mais très aimablement tout de même, nos hépatites et autres cancers inexpliqués. Ainsi additionné de tant de chimies, n’est-il pas exquis, le goût de notre modernité si progressiste ?
Ahmed Ould Cheikh