Sournoiserie extrême : L’Occident poursuit l’abâtardissement néo-colonial du continent africain/Par Senny Ould Khyar

15 December, 2021 - 22:46

Comme par malveillance, une forme de toxicité par le gui et le houx combinés – une sorte de malignité  –les riches de la planète Terre veulent nous faire croire, à nous, chez nous, dans notre misérable continent où nous sommes confrontés à tous les maux – du sous-développement profondément structurel et structurant à la division socio-culturelle, en passant par les guerres civiles et les famines – que nous sommes exclusivement responsables de nos malheurs: gigantesque théâtralité.

Lors d’une intervention à l’Assemblée nationale française, le député André Chassaigne n’a d’ailleurs pas mis de gants, face à tous ses pairs de gauche, centre, droite et extrêmes qui n’ont en réalité que des différences de façade, pour prononcer une dissertation académique dont on se contentera ici d’en tirer la conclusion suivante : l’Occident – la France en particulier – n’est pas en Afrique pour notre bonheur. Loin s’en faut ! Inutile que je le cite ou l’imite, puisqu’il il a, bien mieux que moi, défini et développé les raisons de cette politique militaro- économique globale et globalisée ; comme il a su commenter, avec courage, les conséquences néfastes des initiatives françaises en Afrique, hélas bien partagées, tant avec ses alliés naturels qu’avec nous, peuples africains et pouvoirs qui nous régissent. Il a tout raisonnablement fait endosser à la France la responsabilité du désastre actuel que vit cette partie de l’Afrique, avec le nouveau visage de la France-Afrique notamment au Mali, au Tchad, en Guinée, au Burkina Faso, en Centrafrique et en RDC, à titre d’exemples tout courts. On nous a ainsi bien appris, par la bouche d’un élu français, que ni  la France ni l’Occident, de façon générale, ne sont chez nous pour nos beaux yeux. Ni ne sont et ne seront, au Proche- et Moyen-Orient, en Asie et partout ailleurs dans le Monde, à défendre les intérêts des peuples de ces innombrables contrées ensevelies dans la misère, les maladies et l’ignorance.

 

Occident ravageur

Du côté de l’autre face du puzzle et déjà seulement par la dédicace de son livre qui vient de paraître, « Monarchie au cœur de l’Afrique, l’infirmité rédhibitoire du Sénégal », notre frère écrivain sénégalais Rawane Diop n’a pas non plus ménagé, au nom de cette Afrique, les dirigeants de notre cher continent, en adressant sa dédicace, disais-je et je le cite : «  à ce vaillant peuple martyr, souverain captif d’une démocratie de l’entre-soi et des privilèges de caste, victime d’une alliance tacite entre le politique, le culte et l’occulte, dans un consensus de servitude ». Tout un rappel-résumé critique, tranchant et condensé dans la pureté de l’esprit solidaire qui dénigre nos pouvoirs, interpelle nos faux amis occidentaux et indique les véritables voies conduisant à la vraie démocratie, la justice, la répartition et la réparation au profit  de cette  partie de la Terre: source demain sans équivoque du bien-être de l’Humanité.

Partout aujourd’hui sur le continent on s’alarme et l’on s’arme en effet, dans les méandres de la dégradation de nos moyens de survie, pour se faire la guerre sous l’influence de cet Occident ravageur. Une guerre entre nous-mêmes d’ordre éthique, tribal, racial et culturel, montée ou renforcée  par des forces occultes et extérieures à nous. Elle est surtout pernicieusement financière et économique, en raison de l’accumulation et l’accaparement de nos richesses par une élite complice et mafieuse, politiquement mandatée et dirigée indirectement par ces occidentaux que nous connaissons. Ceux chez lesquels les épargnes de cette élite sont sécurisées et rémunérées. Elle est aussi politico-militaire, hybride encore, avec le risque de se transformer en déflagration militaire fratricide non loin de nous, à l’autre presque extrémité Nord du continent où s’entrechoquent, se chevauchent et s’entassent des intérêts antagonistes, tant idéologiquement que géo-stratégiquement. Si cette explosion survenait, elle rappellerait et ferait resurgir, dans une région déjà fragile, en raison de son origine et de son tout spécial nouveau caractère, des contradictions d’un ordre très singulier. Elle n’épargnerait aucun des pays concernés par l’imbroglio du Sahara occidental ; pire, ses répercussions entraveraient l’évolution d’autres règlements de conflits politiques et militaires régionaux déjà préoccupants: l’introduction d’une nouvelle donne va bien plus loin que les motifs initiaux, portant sur les fonts baptismaux un Moyen-Orient en ébullition. Un potentiel désastre régional qui concerne, au même titre que les protagonistes directs, cette Mauritanie africaine – une Mauritanie à peine sortie de ce que nous savons – de surcroît très sensible de par sa position géographique à ce qui se passe à ses frontières de l’Est et préoccupée, en prime,  par la résolution de ses problèmes internes.

 

Responsabilité historique

Si nos partenaires occidentaux ne se décident pas à prendre enfin conscience de leur responsabilité historique et de ce qu’ils n’ignorent point – la France en premier chef, au regard de son obligation, sinon de son devoir historique et culturel –  on n’estompera pas les ardeurs des va-t-en-guerre. Pour autant, l’espoir semble pouvoir renaître, ces derniers temps, à travers les initiatives politiques multipliées du président Macron, au nom de la France et de l’Europe, en matière de démocratie et des droits de l’Homme en Afrique, centrées sur les cause de la progression de la famine et sur les effets négatifs plausibles des conflits en Afrique où la métropole se trouve impliquée. Au titre de son prochain mandat à la tête de la présidence de l’Union européenne, celui-ci a décidé de réserver – en marge des projections de celle-ci – une place importante à un débat que nous espèrerions fructueux, loyal, franc et utile pour l’avenir des rapports entre notre continent et l’UE. En tout cas, les souverainistes – France et Allemagne, en l’occurrence – s’y montrent décidées, L’Espagne et l’Italie aidant. Connaissant mieux que quiconque les problématiques auxquelles sont confrontés les peuples africains, la France doit, dès maintenant, se comporter en avocat sincère et sensible. Et ce pour une refonte immense de ses relations actuelles, d’abord avec nous, les peuples du continent africain, et d’y contribuer, dans la dignité et l’honneur, au renforcement – même graduel – des valeurs démocratiques universelles que son histoire lui a apprises. Faute de quoi, l’Europe tout entière sera, demain, à son tour confrontée elle aussi aux malheurs que nous vivons déjà chez nous : la dialectique et l’histoire nous l’apprennent.