Feu Habib appelait « visitations » les visites du président de la République à l’intérieur du pays. Et ne cessa, tout au long de ses fameuses « Mauritanides », de les tourner en dérision ainsi que le cirque qui a les toujours accompagnées. C’était au temps de Maaouya, de la Direction nationale éclairée et du PRDS omnipotent. Seize ans après le départ de celui à qui il ne manqua que d’être intronisé roi, on n’est pas sorti de l’auberge. Que ce soit avec Aziz ou Ghazwani, les mêmes scènes se répètent inlassablement. Lors des derniers déplacements présidentiels à Timbédra ou Rosso, la république a montré son visage le plus hideux. Où le tribalisme règne encore en maître. Malgré une récente circulaire du ministère de l’Intérieur interdisant toutes réunions à caractère tribal, les tribus ont bravé l’oukase, en se réunissant au grand jour, amassant des fortunes, louant force voitures pour se déplacer en masse et assister à l’accueil. C’était la course à celle qui mobiliserait le plus de monde pour être la mieux « vue ». Un spectacle affligeant au 21èmesiècle dans un pays qui se prétend démocratique. Et l’on ne risque pas d’en sortir, tant que l’État n’aura pris le taureau par les cornes en sévissant contre ce genre de pratiques malsaines. Comme l’avait fait feu Mokhtar ould Daddah lorsqu’il limogea d’un coup des dizaines de fonctionnaires ayant assisté à une réunion à caractère tribal. Un coup de massue qui avait presque sonné le glas de cette entité. Avant que les militaires et leur démocratie de façade ne lui redonnent une seconde vie. Et à ce rythme, elle n’est pas près de s’éteindre…
Ahmed ould Cheikh