Le Calame : Vous venez de publier un document sur le dossier de la BCM. Quelle réaction a-t-il suscitée auprès de l'opinion et des autorités?
Abdoullah Mounir : L’Observatoire du Civisme et des Libertés (OCL) est un organisme indépendant œuvrant pour l’enracinement de la démocratie, l’exercice de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics en Mauritanie. Cette initiative, au travers d'une structure organisée, est sans précédent dans notre pays. Elle correspond à un mouvement international d'éveil des opinions publiques aux manquements à la démocratie et à la transparence de la gestion publique.
L’Observatoire a, en effet, publié un document officiel émanant du pôle du parquet anticorruption, qui a trouvé un écho important auprès de l'opinion publique nationale et en passe de trouver son chemin vers l'opinion publique internationale.
Ne serait-ce que sur cet événement précis, l'Observatoire a déjà démontré l'importance de son existence et l'objectivité de sa démarche avec un professionnalisme et un sérieux incontestables.
Comprenez-vous pourquoi, au vu des aveux contenus dans votre document, la justice n'a pas enclenché une procédure contre les personnes suspectées?
Il faut souligner que l'Observatoire est un organe indépendant des autorités publiques, à ce titre nous n'avons pas à préjuger de toute réaction, notre devoir est d'établir un constat que nous livrons à l'opinion publique et aux décideurs.
La Banque Centrale est un bien commun à tous les citoyens et c'est aussi un lieu où s'exprime la souveraineté de notre pays, à ce titre son fonctionnement exige protection et respect.
En tout état de cause, nous pouvons regretter ce manque de réactivité de la part des autorités publiques dont la vocation est d'intervenir pour rendre une justice équitable au service de tous.
Avez-vous le sentiment que la lutte contre la corruption en Mauritanie est fondée sur une réelle volonté politique?
La lutte contre la corruption est un facteur essentiel de la réalisation d'une politique de gestion transparente des affaires publiques, on peut en effet légitimement s'étonner d'une impunité qui, nous semble-t-il, est en faveur des personnes qui seraient impliquées dans des dossiers de malversation.
Propos recueillis par DL