Le procès de Biram Dah Abeïd et de ses compagnons a été renvoyé au
lundi prochain par le président de la Cour Correctionnelle, Mohamed
Mahmoud Ould Teyib, faute d’interprète. Dernier à devoir passer à la
barre, le président de Kawtaal N’gam Yellitaaré, Djiby Sow a invoqué
son impossibilité de parler la langue française et le hassaniya.
Pressentie pour jouer les interprètes, Me Fatimata M’Baye est récusée par
le procureur de la République au motif qu’elle fait partie du pool de
la défense. L’interprète présenté par le parquet est à son tour récusé
par la défense. S’en suivront de longues discussions entre les
différentes parties. N’arrivant pas à concilier les différentes
positions, le président de la Cour décide de renvoyer l’audience. Le
temps de trouver un interprète.
Au deuxième jour du procès, entamé mercredi, les prévenus sereins et
affichant la grande forme,sont passés à la barre. Brahim Ould Bilal
Ramdane, Dah Ould Boushab et Khattri Ould Rehal ont été interrogés en
premier lieu avant la suspension de l’audience à 13h 10. Le vice
président de IRA a récusé les différentes accusations portées à son
encontre et n’a pas manqué de dénoncer un «procès politique ». Selon
lui, le pouvoir a procédé à un ciblage des militants abolitionnistes,
lors des interpellations, le 11 novembre dernier et a tenté de
procéder à une opération de sape. Brahim a fait part à la Cour des
traitements dégradants dont lui, Abidine et Khattri ont été victimes
lors de son arrestation non sans s’appesantir sur les objectifs du
régime : dresser les communautés les unes contre les autres en
procédant à une division.
A la reprise de l’audience à 15h 10, Cheikh Ould Vall, Abdiine Ould
Matalla, Hassane Ould Alioune, Mohamed Ould Alioune et Samba Diagana
sont passés à la barre. Plaidant non coupable, ils ont nié les
accusations portées contre eux surtout les déclarations supposées
faîtes, lors des interrogatoires à la Compagnie de gendarmerie de
Rosso.
Djiby Sow aura été la vedette de ce procès. Tous les prévenus, en
réponse aux questions du président et du procureur sur la portée de la
Caravane contre l’esclavage foncier et la spoliation des terres dans
le Sud mauritanien, les ont orientés vers le dirigeant de Kawtaal.
Des nombreux domaines où l’anarchie règne en maître à Nouakchott, c’est sans conteste le foncier qui tient le haut du pavé. Tout le monde a encore en mémoire la célèbre « poche 10 », située à la jonction entre Tevragh Zeïna et Teyarett, que l’État rasa il y a quelques années.